chaque année, ou presque, à la même époque, je publie ce texte...

le voici à nouveau, à peine retouché...

Nom de Thor pendant la guerre
tout ce qui chez nous résistait
et qui souffrait tant de misère
contre cette heure protestait

car cette heure berlinoise
dès le début de la saison
faisait partie de l'ardoise
l'est vainqueur l'a donc raison

ce n'était qu'un méchant symbole
dans la cruelle occupation
mais aujourd'hui ma parole
c'est une vraie damnation

puis sont venus les technocrates
qu'ont voulu se mêler de tout
de sinistres bureaucrates
qu'il faudrait mettre chez les fous

faut que je revoie ma pendule
et ma montre à mon réveil
que ces engins je les bouscule
mes habitudes c'est pareil

voulant épargner l'éclairage
ils s'en prennent au Soleil
pour des économies de mirage
ils s'envoient au septième ciel

des grattages de bouts de chandelle
ils imposent aux manants
cependant que de plus belle
rigolent bien nos dirigeants

et le paysan mon ancêtre
ne suivait que le Soleil
pour le travail c'était son maître
et de même pour le sommeil

à son lever nos pieds touchaient terre
et quand il était tout en haut
on mangeait sans autre manière
puis la sieste s'il faisait chaud

il se couchait et nous de même
c'était l'heure de l'amour
on s'amuse sans qu'on s'aime
maintenant qu'il fait tant jour

je sais bien ça vaut pas la peine
de s'exciter pour un rien
mais l'un dans l'autre j'ai la haine
des emmerdeurs au quotidien

nous avons suivi ses élucubrations au cours d'une cérémonie de mariage.
il cherche aujourd'hui le moyen de participer au repas, à la fête qui suit...

l'air soucieux, pauvre Jeannot, l'enfant de choeur

voudrait prochainement bien être de la fête !

et ce serait  pour lui l'image du bonheur...

mais il faut le gagner, ce n'est pas chose faite,

il lui faut donc construire une tactique à fond !

piquer un faire-part ? facile dans sa tête…

presque autant qu'un billet au plateau de la quête

seulement un billet ne porte pas de nom

mais une invitation ça n'a rien d'anonyme !

oublié dans un coin  il découvre un carton

modifier le nom serait-ce donc un crime ?

un liquide effaceur et le tour est joué !

pour copier, signer, notre ami est doué...

sa présence au repas pose d'autres  problèmes ?

il entrevoit déjà les futurs stratagèmes...

convaincre ses parents, venus à l'apéro,

de le laisser rester. Quand le pater boit trop,

et c'est assez fréquent,  il est plein d'indulgence ...

et jeannot  rejoindrait les doux jeux de l'enfance

 passerait sous la table et l'oeil inquisiteur,

essaierait d'attraper la belle jarretière…

 bise ça lui vaudrait ou coup dans  le  derrière…

mais déjà il s'y voit nageant dans le bonheur

et son coeur à tout va bondit dans sa poitrine

le sourire revient il reprend bonne mine

il est content de lui, il a tout préparé

il sera de la noce puisqu'il se l'est juré !

  Pour Brigitte Ecureuil Bleu et son Café-Thé n° 24

Jean est un homme heureux, les enfants sont présents.   

Ils sont tous revenus de la ville lointaine

où pendant une année le travail les enchaîne.

La table est surchargée de mets appétissants.

Le repas n'aura lieu qu'au retour de la messe.

Sur la vieille commode une crèche en carton,

recouverte de mousse et de neige en coton,

étale ses santons et comme une promesse

dans un coin sont cachés quelque menus cadeaux…

Jean regarde et sourit, ces visages sont beaux...



Soudain les cloches de l'église proche se mettent à sonner

Il est près de minuit, l'heure d'aller prier...



Jean se réveille brusquement dans une pièce sombre et froide...

Le feu est presque éteint et il est presque seul.

Sa femme recroquevillée dans son fauteuil somnole...

Malgré son dos cassé il la portera jusqu'au lit

Il y a bien longtemps que personne ne vient les voir pour

les fêtes !

Il sourit à nouveau, il a eu son Noël...

Sa vision du passé,

son rêve merveilleux...

Pour Brigitte  et son  Café-Thé n°23 

amusette fort naïve 
pour enchanter un enfant 
autour d'une figure expressive
en Avignon divaguant

sur le pont d'Avignon 
L'on y danse, l'on y danse
Sur le pont d'Avignon
L'on y danse tous en rond

sous le pont d'Avignon 
on voit le Rhône qui s'écoule
sous le pont d'Avignon
le Rhône coule en un frisson

près des remparts d'Avignon
sur une minuscule plage
un fantasme en fer oblong
nous regarde sans façon

si c'est un homme il fait comm' ça
Et puis encore comm' ça
si c'est une dame elle fait comm' ça
Et puis encore comm' ça

  sur le pont d'Avignon
L'on y danse, l'on y danse
Sur le pont d'Avignon
L'on y danse tous en rond

si vous passez par Avignon
allez prier Saint Bénézet
voir les Papes si vous voulez
mais surtout allez danser

sur le pont d'Avignon
on y chante on y danse
sur le beau pont d'Avignon
ça coûte rien et c'est si bon 

il y eut tant de cris parcourant mon enfance
du marchand dans les rues attirant le chaland
j'entends d'ici l'appel sonore et plein d'outrance
de ce gagne-petit, le vendeur ambulant

le grilleur de marrons prenait toute sa place
suivi du chiffonnier qui chantait en patois
je ne saisissais  pas les mots du vieux matois
mais pour moi son refrain avait beaucoup de grâce

 
 pelharot ! pelharot !
pel de lebre pel de lapin
e de borra de catin
ganhi ma vida coma podi
pelharot ! pelharot !

je ne comprenais pas ce qu'étaient ces marrons
car à mes yeux d'enfant  simples chataîgnes bêtes
des marrons on faisait avec des allumettes
piquées deci delà des bonshommes tout ronds

et les marrons que nous avons connus ensuite
ont changé de nature... couleur de trahison
coup de poings échangés au cours de la baston
couleur de liberté des esclaves en fuite

   nous avons entendu les cris des Allemands
leurs chants de conquérants faisaient naître des larmes
halte là disaient-ils dans le bruit de leurs armes
et tout au  fond du lit s'enfonçaient les enfants

j'aime garder présents dans ma pauvre  mémoire
le cri perçant soudain lancé par le vitrier
celui du rémouleur couteaux à aiguiser
quand le chanteur des rues nous racontait l'histoire

des taudis de Rodez l'affreux crime de sang
jusqu'à l'Auberge Rouge en Ardéche passant
l'orgue de Barbarie débitant la  complainte
de délicieux frissons traversaient notre crainte



une petite traduction ?  c'est bien sûr de l'occitan, une langue  et non un simple patois...

Chiffonnier ! Chiffonnier !
peau de lièvre peau de lapin
et de poils de catin
je gagne ma vie comme je peux
Chiffonnier ! Chiffonnier !

 
petites précisions : l'histoire des grands crimes était souvent la source de complaintes chantées dans les rues. C'est le cas de deux affaires du XIX siècle restées célèbres (et mystérieuses) jusqu'à nous jours : Fualdès dans l'Aveyron et l'Auberge Rouge en Ardèche....