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petit roman en vers, parfois... envers et contre tout, toujours

j'aime les poèmes des autres 6 Nicolas Gilbert

Ode imitée de plusieurs psaumes

J'ai révélé mon cœur au Dieu de l'innocence
Il a vu mes pleurs pénitens
Il guérit mes remords, il m'arme de constance :
Les malheureux sont ses enfans.


 

Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère :
Qu'il meure et sa gloire avec lui !
Mais à mon cœur calmé le Seigneur dit en père :
Leur haine sera ton appui.


 

A tes plus chers amis ils ont prêté leur rage ;
Tout trompe ta simplicité :
Celui que tu nourris court vendre ton image
Noire de sa méchanceté.


 

Mais Dieu t'entend gémir ; Dieu vers qui te ramène
Un vrai remords né des douleurs ;
Dieu qui pardonne enfin à la nature humaine
D'être faible dans les malheurs.


 

J'éveillerai pour toi la pitié, la justice
De l'incorruptible avenir ;
Eux-mêmes épureront, par leur long artifice,
Ton bonheur qu'ils pensent ternir.



 

Soyez béni, mon Dieu ! Vous qui daignez me rendre
L'innocence et son noble orgueil ;
Vous qui, pour protéger le repos de ma cendre,
Veillerez près de mon cercueil !



 

Au banquet de la vie, infortuné convive,
J'apparus un jour, et je meurs ;
Je meurs  et sur la tombe où lentement j'arrive,
Nul ne viendra verser des pleurs.



 

Salut, champs que j'aimais, et vous, douce verdure,
Et vous, riant exil des bois !
Ciel, pavillon de l'homme, admirable nature,
Salut pour la dernière fois !

Ah ! puissent voir longtemps votre beauté sacrée
Tant d'amis sourds à mes adieux !
Qu'ils meurent pleins de jours, que leur mort soit pleurée,
Qu'un ami leur ferme les yeux !



 

  (Adieux à la vie)

 

Nicolas Gilbert (1750-1780)

Ce jeune poète a écrit ces vers huit jours avant sa mort, malgré ses souffrances...
Il meurt à trente ans des suites d'une chute de cheval et d'une opération à la tête (trépanation).

Nicolas Gilbert, est d'origine très modeste, il naît dans une famille paysanne des Vosges. Il doit la possibilité de faire des études au curé du village puis aux Jésuites de Dôle. 
C'est un des rares écrivains du XVIII ème siècle à s'être opposé vivement et courageusement aux "philosophes", aux encyclopédistes et autres "lumières" de ce siècle perdu qui le poursuivirent d'une haine d'autant plus féroce qu'ils étaient obligés de reconnaître qu'il avait du talent...

Il était brave. Il osa un poème satirique ( "Le Dix-huitième siècle") qui eut quelque succès et dans lequel il n'épargnait personne...
Les grands poètes romantiques du XIXème siècle ont apprécié et célébré son oeuvre.

... Ce XVIII ème siècle... vraiment maudit dans notre pays, qui a connu ici très peu de vrais  poètes et qui s'est terminé, comme l'on sait, dans l'horrible bain de sang, le véritable génocide de l'atroce  "révolution française"...

L'apothéose dans l'infâmie...

Un autre grand poète en fut victime : André Chénier

"La république n'a pas besoin de savants" proclama le président du tribunal révolutionnaire condamnant Lavoisier à la guillotine...

Rouget de Lisle, (oui, l'auteur de ce que vous savez... ) poète et écrivain très, très mineur, longtemps serviteur des puissants du jour, déjà emprisonné, n'échappera au  grand couteau égalisateur que grâce à l'arrestation et à l'exécution de Robespierre... il pourra continuer à servir les pourris de thermidor...
 et finir, sans gloire, chichement mais miséricordieusement pensionné par un Roi...


Grands ou petits, la république n'a pas plus besoin de poètes que de savants... elle les assassine ou elle les asservit...

Et elle a toujours ses larbins,
ses corrompus, 
ses délateurs,
ses exécuteurs de basses-oeuvres,

ses foules hurlantes, vomissant leur haine et leur stupidité, 
troupeaux délirants
de goules, de pitres et d'assassins en puissance,
ivres de drogue et de jalousie,
assoiffés de vengeance,
fous de mythes éculés  mal digérés et de sornettes
ressassées,
avançant, menaçants au nom du prétendu droit très républicain de manifestation,
forme "démocratique" du chantage à l'émeute,

ses pantins,
ses rites, poings levés, fermés,
ses hymnes, ses chansons ridicules,

ses loges obscures,
ses sectes,
 
ses robins et ses bourreaux...

aujourd'hui plus que jamais

et encore et toujours des bastilles...

et alors, pour moi, vous savez, le 14 juillet, fête nationale... 

post-scriptum :
pauvre Nicolas, on dirait
que je l'ai oublié en cours de route pour crier mes aversions,
je ne peux pratiquer son pardon chrétien
mais j'admire son geste.

non il n'est pas qu'un prétexte... il a été un précurseur.

 
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V
Il faut bien dire que quand on voit les inégalités se répandre au même titre que la gabegieon peut en effet se poser des questions.Bien le ton de ce blog, je ne partage peut-être pas les idées mais j'aime le ton !! je continue ma visite...
Répondre
L
mais je suis déjà allé chez toi ! russalka, je n'avais pas reconnu le nom du site ! excuse-moi...  et j'ai  énormément apprécié ce que tu fais...En visitant, tu risques d'avoir des surprises pas toujours agréables... il y des textes que je voudrais enlever, d'autres que je voudrais presque n'avoir jamais écrit... mais... on hésite toujours...les textes qui me donnent satisfaction sont les plus récents parce qu'ils montrent mon hésitation actuelle...merci de te pencher sur certaines de mes élucubrations...amicalementjean-marie