Incantations - la goualante des vieilles frusques...

16.04.2008 …

Par jean-marie

la ballade du blouson noir

c'est bien mon blouson de cuir
mais il est laid à faire fuir
sa couleur est plutôt grise
le noir s'est fait la valise
rapé
fripé
dans le dos y a pas eu d'aigle
c'était une de nos règles
les bourges nous distinguaient
à ce blouson qui les narguait
aujourd'hui l'est vraiment moche
elle en est trouée la poche

un truc en nylon j'avais avant
le blouson du tout venant
des paumés des caves
des fleurs de nave
aux hommes il fallait la peau
si on voulait faire les beaux
si on voulait les belles gerces
pour des amours bien peu perverses
l'ai acheté quand j'ai gagné vingt ronds
Et fauché vingt de plus à un pochtron
pas osé piquer le blouson lui-même
pas très gonflé l'énergumène

il a bien fallu se mettre au boulot
c'était bien sûr pas trop mon blot
mais j'ai bossé de longues heures
gagné du fric j'ai fait mon beurre
j'ai bien bouffé et j'ai grossi
et mon blouson a rétréci
sur ma carcasse
j'ai voulu le mettre à la casse
mais c'était trop de souvenir
j'ai senti des larmes venir
alors pauvre je lui ai fait grâce
il a fini dans un placard
comme un puni dans le mitard

des années l'a pioncé dans une armoire
et dans un coin de ma mémoire
j'ai cent fois déménagé
mais j'ai bien su m'arranger
pour éviter de m'en défaire
des fois la vie est précaire
des fois la dèche est revenue
des fois la vie est saugrenue
il m'a pris l'envie le dimanche
de le mettre pour faire la manche
devant l'église sur le parvis
mais c'est resté rien qu'une envie

suis pas allé à la messe
mais j'ai tenu ma promesse
l'ai pas jeté aux orties
l'ai même parfois sorti
comme aujourd'hui je suis plus maigre
quand on vieillit tout tourne à l'aigre
je le mets pour bricoler
et ça me fait bien rigoler
ça me rappelle ma jeunesse
dans mon cœur une caresse
mais aussi bien des regrets
ce ne sont pas des simagrées

(refrain à placer ici ou là...)

si je meurs je veux qu'on m'enterre
dans ce blouson qu'a fait ma guerre

envoi

moralité frères et soeurs
un linceul même s'il a du coeur
n'a pas vraiment besoin de poches
ne lui en faites pas reproche

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Frederianne

16/04/2008 22:54

J'aime beaucoup la chute !Ah, je suis sûre que tu n'es pas le seul, à garder des reliques d'un passé chéri. Et puis un tel blouson, c'est comme une seconde peau :-)Bises d'amitié à toi !

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Lambert Palis (jean-marie)

17/04/2008 00:26

oui, on a tous nos objets favoris dont on ne se débarrasserait pour rien au monde... mon petit-fils (5 ans) a ses "doudous", de vieux pantins en chiffons complètement déglingués mais pas question de l'en séparer... notre attachement aux objets relève-t-il de l'infantilisme ? pas important, je crois que cela tient surtout aux souvenirs qu'ils représentent... grosses bises, ma chère Frederianne... bien amicalement jean-marie

Mano

16/04/2008 18:38

bonsoir^^Tres beau texte^^ c'est fou comme on peu s'attacher a certain truc de manière....hum pueril? (j'ai pas mieux comme mot)mon armoire en est pleine....bonne soirée!

16/04/2008 19:06

Bonsoir, ma chère Mano... je pense que ce n'est pas tout à fait puéril, on s'attache aux objets pour ce qu'ils représentent et un vêtement, en plus, c'est un objet tellement personnel... à très bientôt gros bisous amicaux bien à toi jean-marie

Clo

16/04/2008 14:09

C' est vrai nous avons tous ce que j' appelle nos vêtements fétiches.Ceux qui rappellent la jeunesse et qu' on ose jeter.Le faire serait se trahir soi-même...J' aime ce poème si juste dans l' expression de ces sentiments mèlés...Bravo Jean-Marie :)Bonne après-midi :) :0010:

16/04/2008 14:17

bonjour et merci, ma chère Clo... à croire que nous sommes tous un peu "fétichistes"... "objets inanimés avez-vous donc une âme qui s'attache à notre ême et la force d'aimer..." ce cher Lamartine n'a pas toujours dit que des mièvreries. à très bientôt chez toi bisous très amicaux jean-marie

agathe

16/04/2008 11:28

il portait des culottes, des bottes de moto un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos sa moto qui partait comme un boulet de canon semait la terreur dans toute la régionon trouva sa culotte ses bottes de moto sont blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos mais plus rien de la moto et plus rien de ce démon qui semait la terreur dans toute la région

jean-marie

16/04/2008 11:52

Oui, ma chère Agathe, j'adore cette chanson... mais... mais nous n'avions pas d'aigle sur le dos, et surtout nous n'avions pas de moto... oh, si, pardon, une vieille Motobécane 125 cm3 "latérale" qui, dans ses bons jours, montait (!) à 60 kmh... et nous n'étions pas vraiment des terreurs... nostalgie quand tu nous tiens bisous amicaux jean-marie

Sandrine

16/04/2008 08:09

un petit bonjour Jean-Marie, et quelques sourires, en lisant ce poème et cette histoire. Il est des choses dont on n'aime pas se débarrasser, trop lourdes d'émotion, alors oui... on ferme les yeux, Sourires et bisous

16/04/2008 10:27

Bonjour, ma chère Sandrine... je me suis effectivement amusé les sourires sont si rares dans notre monde sinistre merci pour les tiens ils me touchent je t'embrasse amicalement jean-marie