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petit roman en vers, parfois... envers et contre tout, toujours

j'aime les poèmes des autres 13 l'Auberge rouge


Une complainte, une vraie... Celle de l'Auberge Rouge, celle que chantait Yves Montand dans le film de Claude Autant-Lara. 
C'est kitsch, c'est tout ce que vous voudrez... mais chanté dans les rues d'une voix éraillée, sur un air monotone, accompagné par la vielle à manivelle ou l'orgue de barbarie, ça avait de la gueule, un sacré charme...

 

vielle.jpg

 

 

Chrétiens, venez tous écouter
Une complainte véritable :
C'est de trois monstres inhumains
Leurs crimes sont épouvantables.
Il y a bien environ vingt ans
Qu'ils assassinaient les passants.

 

A Peyre-Abeille, en Vivarais,
Dans le département d'Ardèche,
Sur une montagne isolée,
Ils établirent leur commerce.
L'auberge est sur le grand chemin,
Où ils égorgeaient les humains

 

Leur nom sont pierre Blanc Martin
Dit : Lucifer, avec sa femme,
Et Jean Rochette aussi inhumain,
Était domestique exécrable
Trop tard, le crime est découvert,
Pour épargner de grand malheur.


Le premier homme assassiné,
Était marchand de dentelle;
Dans le lit il fut assommé.
Pour eux, c'était que bagatelle;
Ce premier coup était garant
De vingt sept ou huit mille francs.

 

Un curieux Parisien courait,
Disait-il pour sa fantaisie,
Chez Lucifer il vint loger,
Le mauvais temps lui fit surprise.
Son cheval dans les champs,
Annonça la mort du passant.

 

Plus tard les morts étaient traités
D'une méthode différente :
Dans une chaudière la chair cuisait,
Couverte avec indifférence.
Avec cette préparation,
Ils en engraissaient leur cochon.

 

Un bon préfet disgracié
Sous la chute de Bonaparte,
Chez Lucifer il fut loger,
Croyant être en sure porte.
Femme, enfant, fortune et lui,
Périrent tous la même nuit.

 

Le dernier enfant de huit ans,
Voyant ses parents, morts par terre,
Poussa les cris les plus perçants,
Demandant vie aux téméraires.
Ces monstres furent sans pitié :
A l'instant il fut assommé.

 

Un dortoir était réservé
Aux voyageurs portant fortune;
Double porte était pratiquée :
La nuit, sans faire de murmure,
Rochette armé de son trident,
Au cou saisissait les dormants.

 

 

 

La victime, la bouche ouvrant,
Pour implorer quelque assistance,
La femme avec l'huile bouillante,
Leur gorgeait la bouché béante,
Lucifer, à coups de marteau,
Mettait la victime au tombeau.

 

Alors Martin faisait grand bruit,
Feignant de maltraiter sa femme,
Pour que personne ne comprit
Qu'ils assassinaient leur semblable.
Dis-donc, pourquoi viens tu troubler
Ceux qui sont pour se reposer ?

 

Un grand four était embrasé,
Pour consumer bien des affaires :
Carrosses, manteaux et harnais.
Pour eux, des signes téméraires.
Il en sortait exhalaisons,
Qui empestaient les environs.

 

 

Dans le principe, ces brigands
Étaient dépourvus de fortune.
Mais bientôt, de l'or, de l'argent,
Trouvèrent bien leur aventure.
Pour famille, deux filles ont,
Qui secondent bien leur maison.

 

 

On ne pourra jamais savoir
Le nombre de tant de victimes :
On les porte à cinquante trois,
Qu'a révélé le domestique.
Frémissez, toutes nations,
Des crimes de cette maison.

 

 

Plus longtemps, on aurait tardé
D'en faire quelque découverte :
Ce dernier étant réservé .
Par ainsi, Dieu voulut leur perte.
Au crime, ils sont si acharnés,
Qu'un parent n'est pas épargné.

 

L'an mil huit cent trente trois ,
Justement le second d'octobre,
Devant la maison des forfaits,
Vers midi fut le dernier rôle.
Trente mille témoins voyaient
Trancher la tête aux trois brigands.

 

Grand Dieu, la terre préservez !
De jamais porter de tels monstres.
Aucune histoire n'a prouvé
Qu'il n'y eut jamais de la sorte.
Par les soins de l'autorité, 
Nul n'y sera plus exposé.
 

 

 

 marchandjrnx.jpg
 

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M
excuse-moi pour cette remarque , point de vue de lecteur: dommage qu'il n'y ait pas le module "derniers articles" quand on est en page d'article,; ce serait plus facile our passer d'un article à l'autre. (tu peux effacer ce message après l'avoir lu)
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L
Ta remarque est parfaitement justifiée... et je t'en remercie...Ce n'est qu'assez récemment que je me suis rendu-compte que les modules de la page d'accueil ne se retrouvaient pas automatiquement sur les pages des articles... OB l'avait pourtant précisé.Je vais y remédier, je crois que c'est assez facile...merci encoreamicalementjean-marie  
M
Je vais m'en inspirer pour écrire la complainte du pauvre over-blogueur! :lol:
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L
bonjour, Mimisan...Ce sont les dernières mésaventures-mise-à-jour d'OB qui t'inspirent ?bon courage...amicalementjean-marie  
U
dèrière les murs épais ,dans les désèrts, dans les forets,......................qui peut dire ce qui s'y passe si pèrsonne ne peut en témoigner ?
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L
Bonjour, ChoukaContent de te retrouver... c'est vrai que la vérité est toujours difficile à détecter...amicalement jean-marie
M
Oh la la, ça va "cafter" mon âge :  je me souviens très bien d'un chanteur de rue, qui venait le samedi ou le dimanche chanter sous nos fenêtres, à Paris, quand j'étais si....petite (mais ça m'a marqué !) et on lui jetait qq sous par la fenêtre ! il y avait aussi le vendeur de charbon, et le vitrier qui hurlait "vitrier, vitrier" !!  - et aussi je crois le marchand de pains de glace pour les glacières, le début timide des frigidaires arrivait ! Non, ne vous dirai pas mon âge ! - ces qq souvenirs de bb...une piste !MERCI Jean-Marie pour cette complainte, on ne va pas s'en plaindre ! -  merci ! 
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L
Bonjour, ma chère Melly...Il n'est pas question d'âge... lol... mais de sentiments et de nostalgie... je pense que ce passé n'est pas si loin que ça puisque nous pouvons encore le faire renaître... pour ceux qui viendront après, c'est une autre histoire...je t'embrasse très amicalementjm
C
BRRRRRRRRR !Mais a une époque ou il n' y avait pas de média pour relater les événements, c'étaient souvent les colporteurs et vielleux qui faisaient circuler l' information....et avec l' effet boule de neige 2 ou 3 macchabées devenaient rapidement foule.En tout cas, au niveau des faits, rien de nouveau sous notre soleil du XXI éme siécle ! Bisous et bonne journée
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L
chère Clo...bonne journée et bonne semaine à toi aussi...gros bisous amicauxjean-marie