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petit roman en vers, parfois... envers et contre tout, toujours

affabulations 5

 

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Petites histoires de mon père...

Nuit de la St Sylvestre de l'an de grâce 1930 et quelques...

Lou Jacquou se prépare. Il va aller atteler la mule à la carriole et, fouette cocher, en route vers le bistrot du village... Cinq kilomètres dans la nuit.
La Juliette, sa femme grommelle. Tu vas rentrer saoûl (un còp de mai...), tu vas me réveiller, tu vas tout dégueulasser... Le Jacquou, dont l'esprit vagabonde déjà avec les copains lui dit en rigolant : "C'est toujours  la même rengaine, tu n'as qu'à venir avec moi, tu me surveilleras..."
Oh, macarel !

Qu'est-ce qu'il n'a pas dit, lo pauròt ! Il est tout estomaqué quand il entend sa femme lui rétorquer :
" Eh bien, d'accord, je viens !
- Ah, mais non, je plaisantais, tu vas t'ennuyer (il pense "vas me far cagar"), on joue aux cartes...
- Je viens ! "
Trajet silencieux. Jacquou a peine à croire à la catastrophe...
Au bistrot, à part les deux serveuses (Jacquou avait la vague intention de serrer d'un peu près l'une d'elle) et la patronne, il n'y a que des hommes.
La première surprise passée (la Juliette n'a pas la réputation d'un fêtarde), la soirée trouve son rythme habituel... Cartes, chopines... Le poêle ronfle, il fait très chaud. Henri, l'accordéoniste occasionnel, joue de temps en temps un air entraînant et, puisqu'il y a des femmes, on esquisse quelques pas de danse. Une bourrée et presque toute la salle s'y met...
Mais  cela donne soif et la Juliette lève le coude trop souvent. Le Jacquou remplit le verre de sa femme régulièrement, trop... peut-être, pour être honnête.
C'est minuit, "la Bonne  Année", les gros poutous, le casse-croûte bien arrosé, le mousseux, le marc, l'ambiance... Et ça dure, ça dure... Jacquou tient bien le vin, la Juliette beaucoup moins. Avant la fin de la nuit, elle s'écroule. C'est la bonne cuite, la Grande Cuite avec toutes les conséquences, surtout les moins ragoûtantes. Jacquou n'est pas ivre mais Juliette à dépassé toutes les limites de la bienséance... Au point où elle en est, c'est le cadet de ses soucis... Affalée, sans aucune pudeur, gémissante, pleurant, jurant entre deux hoquets...
On aide le mari à embarquer sa femme dans la carriole. Elle est vraiment malade.
Jacquou est, dans le fond, assez content de lui : il n'a pas les idées très claires mais il saura désormais comment faire taire sa compagne...
La mule connaît le chemin. Quand on arrive à la maison, Jacquou porte Juliette sur le lit. Il la contemple, narquois, satisfait et prononce à voix haute le mot de la fin :
"veses cossí nos regalam los òmes quand sèm bandats ..."

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e ieu, a vos autres amics, vos disi :" bonna annada pitchons e tenètz vos
plan galhards ."

Qu'es aco ? qu'est-ce que c'est ?
explication: ces quelques mots font partie du "patois" de mon enfance... C'est l'Occitan. C'est le languedocien du sud Aveyron... J'avais écrit ici "phonétiquement" ces quelques mots, comme je l'entendais parler... 
Une aide très amicale m'a permis de les trancrire dans la graphie "normalisée" la plus généralement admise
J'aime les sons de cette langue.

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Un còp de mai : une fois de plus
lo pauròt  : le pauvre malheureux, on plaint mais c'est parfois un peu ironique
les poutous : les baisers sur la joue
bézés couci nous régalans... : tu vois, comme on se régale, nous les hommes quand nous sommes saouls
E ieu, a vos autres amics, vos disi :" bonna annada pitchons e tenètz vos plan galhards ." : et moi, à vous autres, amis je vous dis Bonne année, mes petits et portez vous bien (tenez-vous bien gaillards) 

 

 

 

 

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Jean-Marc et la guerre de Corée…

En 1950, Jean-Marc a 12 ans…
Quel rapport peut-il y avoir entre un gamin aveyronnais et un tel événement mondial ? Aucun, apparemment, sinon dans l’imagination de gosses placés dans un contexte inhabituel évoquant l’aventure, l'aventure guerrière que la littérature et les bandes dessinées exaltent encore…
En ce début du mois de décembre, l’école des Frères de S…, petite ville du sud du département, organise un déplacement vers Rodez, un trajet de 80 kilomètres. Au petit matin, 90 élèves et quelques accompagnateurs sont rassemblés autour des deux cars qui les emmèneront au chef-lieu. Le but du voyage est la visite d'une exposition consacrée à l’action de l’ordre religieux dans les lointaines  colonies… Il pleut, une pluie fine mais pénétrante. Il ne fait pas très chaud… Pas de menace sérieuse, semble-t-il, dans les prévisions météorologiques mais quelques élèves entendent les réflexions des adultes qui s’interrogent sur une aggravation possible au cours de la journée. Le climat de la région ruthénoise a la réputation d'être plus rude...
L’ordre de départ est donné. La pluie tombe toujours et les véhicules avancent lentement. Aux abords du plateau du Levézou les premiers flocons de neige apparaissent. Les enfants se réjouissent fort, ce spectacle d’hiver annonçant Noël et les vacances…
A l’arrivée à Rodez, les choses se gâtent et tout le monde s’inquiète… Le repas à l’Institut St Joseph puis la visite de l’exposition sont vite expédiés. Les chauffeurs des cars sont impatients, il faut repartir très vite. Un autre itinéraire est, semble-t-il, choisi car un peu moins accidenté…
La première partie du trajet se passe assez bien , plus de la moitié de la distance est parcourue sans trop de difficulté mais les chutes de neige deviennent de plus en plus abondantes. Le vent se lève et rassemble cette neige sur les côtés de la chaussée qui, peu à peu, en est elle-même envahie…
On traverse un village et quelques kilomètres plus loin, les deux cars sont bloqués par une congère. C’est l’arrêt brutal. Impossible de manœuvrer. On ne peut ni avancer ni reculer. La nuit tombe. Il faut prendre une décision. Les gosses commencent à grelotter. Ils ne sont pas vêtus pour de telles circonstances, des imperméables légers, des chaussures de ville pour la plupart... Jean-Marc et quelques autres sont heureux d’avoir leur lourde pèlerine, qui leur semblait bien encombrante au départ, ce matin…
La seule solution est de retourner vers le village que l’on vient de traverser et de demander l’hospitalité à la petite école tenue par des religieuses. On n'a qu'une vague idée de la distance à parcourir. Les chauffeurs ne veulent pas abandonner leurs véhicules. Ils tenteront ensuite de gagner, à pied, une petite ville, mais dans la direction opposée et plus lointaine. Ils y parviendront, épuisés, après des heures et des heures de marche. Au matin, ils pourront avertir les parents par téléphone.   
Pour les enfants et les accompagnateurs la longue « retraite de Corée » commence. On le proclame en riant... En effet, on parle beaucoup à l’époque de la débandade des troupes américaines, dans le froid et la tempête, devant l’armée nord-coréenne et ses alliés chinois. Les jeux guerriers ont encore la cote auprès des jeunes. La victoire, la grande, c'était il n’y a pas si longtemps après tout…
Au début tout le monde prend les choses du bon côté, on chante, on essaie de marcher au pas. Les rares lampes de poche ont vite rendu l'âme... Heureusement, l'obscurité n'est pas totale. Il reste une lueur diffuse. Le temps ne s’améliore pas… Huit kilomètres, c’est long, très long. Marcher ainsi devient un automatisme, on ne réfléchit plus. L'aventure n'en est pas une. Pas plus que la guerre, elle n'est désormais vraiment joyeuse... On peine, on souffre mais on avance. Les adultes encouragent, portent parfois, à tour de rôle, sur quelques centaines de mètres, un enfant à bout de force. Il ne faut surtout pas s'arrêter.
Ils arrivent enfin, exténués, très tard dans la nuit. Le village est brusquement réveillé… Soupe chaude… Il faut héberger tout ce monde. On installe des lits de camp dans le réfectoire mais cela ne suffit pas, il faut avoir recours à la gentillesse des villageois. Jean-Marc doit rester dans ce dortoir improvisé mais un de ses camarades, lorsqu’il apprend qu’il est désigné pour aller chez le boucher-cafetier, se met à chanter la complainte de St Nicolas… «  ils étaient trois petits enfants… » qui finissent découpés dans le saloir du méchant homme… La performance du chanteur est peu appréciée par les chers Frères qui, en guise de punition, exigent du coupable qu’il laisse sa place à Jean-Marc… Trois copains se rendent donc chez le généreux commerçant. Quelle douce nuit dans cet immense lit, sous d’énormes édredons, dans l'intimité de tendres amis ! On ne s’endort pas vite...  Les enfants, excités, n’ont guère sommeil. Tout à la joie de l’instant, ils ne pensent pas à l’angoisse des parents.
Le lendemain, Jean-Marc est malade, fièvre, maux de tête, vomissements… Beaucoup de ses camarades présentent les mêmes symptômes. Tout le monde prend soin de ces pauvres petits. Rien de bien grave d’ailleurs, le rhume, le froid, la tension nerveuse… Diète, aspirine et tisanes en arriveront facilement à bout.
Il faudra quatre jours pour dégager les routes et pouvoir enfin repartir.
Le retour est un triomphe ! La retraite piteuse est oubliée. On parlera longtemps dans les chaumières de l’exploit de ces héros malgré eux. Les photos maladroites des cars ensevelis dans la neige illustrent agréablement les propos.
Epopée dérisoire, bien sûr, mais la mémoire garde ces souvenirs, les magnifie, les chérit à jamais.

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Vieilles histoires aveyronnaises, problèmes de langues régionales et autres…
(suite)

Ce sont de petits rien que racontait son père…
Ainsi avais-je commencé…
Et j’étais passé à « autres ». 
"autres", ce n’était pas grand-chose. Quelques divagations…
On remonte petit à petit dans le titre ! On arrivera peut-être un jour aux histoires.

 

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Vieilles histoires aveyronnaises et problème de langues régionales et autres…

Ce sont de petits rien que racontait mon père…
Pardon le père de Jean-Marc. Je ne veux pas laisser mon « héros » en carafe au bord de la route.
La fiction permet la fantaisie, et puis, contrairement à ce que beaucoup ( beaucoup ? petit prétentieux, va…) contrairement à ce que certains pourraient croire, j’ai placé ce blog dans la catégorie préétablie de « rêver »… Par défaut. Je n’ai osé aller jusqu’à « poésie » (trop beau pour moi), pas davantage jusqu’à « politique », (ma boussole tient le cap mais s’affole trop souvent) encore moins philosophie (j’aime pas la masturbation délicate par bouquins interposés, aussi difficile qu’avec des gants de boxe)… J’aurais aimé « mélanges ». Mélange des genres, bien sûr… "Gays et Lesbiennes", c’est pas mon truc (tiens donc !)… J’irai peut-être un jour du côté de « pour adultes » quand mon petit-fils, qui a un excellent coup de crayon, sera tout à fait en âge d’illustrer certains de mes articles, sans que je puisse être poursuivi pour incitation à la pédophilie. Mais il est déjà très en avance pour son âge dans le domaine des connaissances des « choses de la vie »… Ces machins-là, ça leur vient vite, de nos jours. De mon temps, comme disait l’autre…ouais, on était pire mais on n’osait pas en parler. Ni contempler de magnifiques images. Les revues « Paris Tabou », « Paris Hollywood » seraient réservées aujourd’hui aux élèves de première année des cours de catéchisme-citoyen ! Les Amerlos nous avaient, paraît-il, libérés mais ils avaient depuis longtemps commencé à nous imposer l'hypocrisie conquérante de leur puritanisme comme aujourd’hui leur mauvais vin de cépage à la « chiure » de bois, avec la complicité de beaucoup de glandus… Les cons ont toujours des disciples. Surtout quand ils sont obsédés par le fric.
Bon… (ou pas bon), je me rends compte que je suis loin de ce que j’avais annoncé au début. Disons que j’ai démarré avec « et autres... » et appelons ça « Prologue », ça fera bien dans le décor.
La suite (le début !) viendra, promis, juré... Croix de bois, croix de fer... Pour l'enfer, c'est chaque jour un peu plus... un pas de plus...
J’aime parler de n’importe quoi, divaguer... pas besoin de fumer la moquette (le bon vieux jaja bien de cheu nous peut largement suffire en cas de besoin). Un ex-yéyé-chanteur-ingénieur-grand-bourlingueur, aujourd'hui vendeur de lunettes pour amateur d'exotisme a bien célébré ses élucubrations. Je peux toujours essayer de fourguer les miennes...
Ça peut donner l’impression d’une grande inspiration parfaitement irrésistible.
La muse au rabais, ça m'amuse...
Les plus lucides affirmeront sans rire que ça me permet de « noircir du papier », mais comme je ne suis pas payé à la ligne, ils en seront pour leurs frais.
Ça me donne surtout la possibilité d’écrire ici : 
A suivre…
 
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