J'ai déjà publié ce texte il y a quelques mois, sous un autre titre, je le relis et je le vois sombre et pessimiste.
Je ne veux rien y changer mais aujourd'hui j'ai autre chose en moi qui me donne une impression de résurrection...
Le mot est trop fort peut-être ?
disons de rédemption ?
Retour en arrière ? non, trop tard... La vie ne repasse jamais par les mêmes sentiers... L'eau de la rivière n'est jamais la même...
Mais mon esprit retrouve des pensées et mon coeur retrouve des sentiments que je croyais à jamais disparus...
Même si parfois je me sens un peu solitaire même si mes émotions peuvent paraître dérisoires...
Et c'est un autre bonheur... le seul...
Passages
j’eus de la chance dans ma vie,
la chance d'avoir rencontré des amis,
des compagnes, des compagnons
qui ont suscité en moi des sentiments confus,
forts, souvent inattendus
mais profonds...
Compagnes, compagnons ?
jusqu'à treize, peut-être quatorze ans,
cela m'était totalement indifférent.
J'ai eu des copains
qu'alors j'ai aimé
bien
au-delà de la simple camaraderie,
de la pâle cajolerie,
Il m'en souvient,
ils étaient tous mignons,
ces gentils garçons,
et à cet âge, imberbes,
superbes,
légèrement efféminés.
Si leur fréquentation
provoquait
chez moi
de doux émois
je n'ai jamais pensé à autre chose
qu'à un échange
de vagues caresses et de tendres baisers
Et puis vinrent les filles, des voisines,
des cousines…
Pendant quelque temps
nos comportements
ne changèrent
guère
et puis, tout doucement
monta l'attrait du mystère...
Oh, je savais bien ce qu'il en était
de la différence anatomique
mais tout ce qui entourait
ce monde fantastique
bouleversait mon cœur,
me donnait le vertige,
que dis-je,
me faisait un peu peur...
Et puis les caresses
devinrent moins chastes,
plus enthousiastes
sans jamais aller trop loin …
Il y a deux ou trois mots enfantins
que je ne peux m'empêcher
de répéter
sans cesse :
C'était doux et c'était tendre.
C’était doux et tendre
d’apprendre
ces folles caresses
qui nous laissaient pantelants
au bord du gouffre. C'était doux,
c'était tendre
ce moment
d’avant,
d’avant que tout bascule dans le dur désir,
et le violent plaisir.
Dans l’attente
et la recherche ardente
avant l'accomplissement.
Et ce moment
voluptueux à défaillir,
presque à en mourir,
j'aurai voulu le savourer,
le préserver
le plus longtemps possible.
C'est sans aucun doute
sur ma route
la joie indicible
de ma vie.
Quand je me retourne aujourd'hui,
quand je revois cette existence
intense,
ces heures sublimes me font venir des larmes,
me désarment.
Le vrai bonheur n'est pas de flamme,
il n'est pas dans l'achèvement.
La perfection n'a pas d'âme.
Il est dans cette attente
chaude et haletante,
cette amoureuse amitié
qui se transforme, hélas, sans tarder,
qui s’altère
en fureur,
et qui meurt
d’indécente manière.
Pour la conserver
il faut rechercher
l'inaccessible amie,
celle d’une seule vie.
Peu importent les détours,
peu importe l’amour,
la vérité est toute entière
dans les moiteurs douces-amères.
C'est beau la retenue
mais qui peut résister à une fille nue ?
Je disais mon bonheur, vois-tu, il est dans la tendresse
il est dans la beauté de cet après-midi
où, couchés tous les deux dans l'herbe bien épaisse
nos corps avaient creusé un parfait petit nid.
Et la tendresse, hélas, bien sûr n'a pas suffi,
elles sont allées trop loin les si douces caresses...
Quand la sève est puissante, il n'est point de promesse
de ne pas dépasser ce qu'on croyait permis.
Puis l'amour est banal, ce n'est qu'une kermesse,
un jeu où l'on se brûle pendant que l'on grandit.
Mais nous saisit bientôt la profonde tristesse,
il va finir le temps qui nous fut imparti...
On voudrait retrouver la seule gentillesse,
la foi et l'idéal sont à jamais enfuis...
On éprouve surtout une grande faiblesse,
les élans ne sont plus que vains jeux de l'esprit.
Autour ne nous s'ajoutent les détresses.
Chaque jour on apprend que quelqu'un est parti,
c'est un copain d'enfance, un frère ou un ami.
A la fin de la route il n'y a pas la sagesse...
On se moque de vous, et de votre tristesse
Souvent vous constatez que vous semez l’ennui
On prend votre lenteur pour la simple paresse…
Ce n’est qu’avec froideur qu’on vous donne un appui.
A la fin de la route il n'y a pas la sagesse.
Il n’y a plus désormais que ce que l’on vous dit :
« Vous êtes jeune encore, vous avez bien mûri,
L’âge ne compte pas, vous avez la noblesse »
Ils sont beaux du haut de leur printemps béni .
Vous êtes une ruine, qui tremble et qui s’affaisse
Et vous n’avez plus rien, et vous êtes maudit…
Vous constatez enfin que tout est accompli.
Partez donc, allez-y, elle est dite la messe !
Depuis toujours les dés du sort avaient trahi…
Mais on ne veut rien voir, au moins tant qu’on jouit...
Pour deviner il faut que la fin nous agresse…
Vous savez mais trop tard, que l'on vous a menti...