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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 20:21

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des faits récents m'ont remis en mémoire cette histoire ancienne
...authentique en tous points

      Ils avaient entre 16 et 22 ans. Un groupe d’une douzaine de copains d’origines et de caractères divers mais dans l’ensemble solidaires… Des copains qui aimaient se retrouver et faire la fête, une fête parfois dérangeante pour le voisinage… Les ressources de leurs familles étaient plutôt modestes… Pour toutes ces raisons, ils n’avaient pas très bonne réputation dans la petite ville.
    Ils étaient apprentis, ouvriers, fils de petits commerçants et d’artisans, trois ou quatre encore lycéens ou étudiants. Quelques filles se joignaient à la bande en de rares occasions. Ils avaient plusieurs fois essayé de trouver un local pour se réunir, mais sans succès. Les arrière-salles d’un ou deux cafés en tenaient lieu.
    Dans la région les divertissements n’étaient pas nombreux… Les fêtes de village ou d'associations, les kermesses, quelques « dancings » dans la sous-préfecture distante d’une trentaine de kilomètres... En se cotisant on arrivait parfois à louer une voiture, les plus âgés avaient le permis de conduire.
Le cinéma était leur principale distraction.
Trois salles concurrentes se partageaient un public assez restreint. La première séance avait lieu le mercredi soir.
    Ce mercredi soir, ils s’étaient donné rendez-vous au Café du Commerce, "chez Roger", vers huit heures, pour boire un coup et faire quelques parties de belote en attendant l’heure du film. Ils n’étaient guère intéressés par le documentaire et les actualités diffusés en première partie. Ils arrivaient à l’entracte et souvent, certains d’entre eux parvenaient à se faufiler dans la salle sans passer par la caisse…
    Comme d’habitude, après la séance, les cafés étant fermés, ils erraient dans les rues, discutant de tout et de n’importe quoi. Ils n’avaient pas envie de se séparer…
    La nuit était douce en cette fin du mois de juin. Ils vagabondèrent jusqu’à deux heures du matin. Ils savaient que dans quelques heures, le réveil serait dur, que les parents ne seraient pas tendres, que les reproches seraient nombreux…
    Le jeudi toute la bande fut convoquée à la gendarmerie. Il n’était pas très difficile de les rassembler. Ils apprirent bientôt la raison de cette convocation : pendant la nuit, un vol avait été commis au « grand » magasin récemment installé près de la poste… un « Prisunic » ou « Monoprix »  quelconque… Une somme d’un million et demi de francs avait disparu, quelque chose d'important à cette époque lointaine même s’il ne s’agissait que "d’anciens francs", quinze mille centimes du franc d’avant la monnaie européenne, une somme dérisoire aujourd'hui...
    Le groupe fut évidemment soupçonné, d’autant plus que l’un des copains entretenait des relations avec une vendeuse du magasin.


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    Pendant une semaine, chacun fut soumis à des interrogatoires de plus en rudes. Qu’avait-il fait cette nuit-là ? On ne se gêna pas avec eux. Ils furent quelque peu bousculés. Personne ne prit leur défense. Devant la conviction apparente des accusateurs, les parents, de petites gens, accablés, étaient totalement désarmés…C’est à peine si certains purent préciser l’heure de retour de leur fils… Les jeunes durent raconter très en détail les parties de cartes, le film… Ils avaient des témoins pour le début de la nuit mais pas pour le reste…
    La feuille de chou locale se fit, naturellement, l’écho de cette affaire et le pisse-copie de service laissait entendre que quelques voyous bien connus allaient être inculpés très prochainement… Pas de risques pour lui, avec ces "gens-là", il pouvait tout se permettre...
  Les interrogatoires reprirent la semaine suivante, accompagnés de toute sorte de menaces, de vexations, interpellations publiques, confidences malveillantes glissées aux chroniqueurs du cru... Les bonnes âmes se disaient écoeurées par ces voyous, à grand renfort de "Je vous l'avais bien dit...".
La rumeur parlait déjà de bande organisée.




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    Puis, soudain, tout s’arrêta. Plus de gendarmes à la maison, plus de convocation, plus rien. Les semaines passèrent. Personne ne voulut fournir le moindre renseignement aux familles ou aux amis ni bien sûr aux suspects. Un jour quelqu’un prétendit connaître une grande nouvelle : le directeur du magasin venait d’être muté.
Puis le bruit courut qu’il était l’auteur du vol. Aucune confirmation jusqu’à la parution, plusieurs mois plus tard, d’un modeste entrefilet annonçant la condamnation, fort légère, du personnage. Peu de bruit, l’oubli était passé par là…
    A la rentrée scolaire suivante, l’un des jeunes ne fut pas repris dans l’établissement d’enseignement privé qu’il fréquentait.

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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 23:50



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A tous les John Doe, 
à tous les losers...

l'inspiration me faisant toujours un peu défaut je choisis et je publie à nouveau des textes que j'aime bien...
en priant les amies qui les ont lus de bien vouloir m'excuser
j'ai conservé pieusement dans mes archives tous leurs commentaires d'alors...

et je leur dédie cette réédition...

 

 

Ils partent tous les quatre, deux enfants, la fille de sept ans, le garçon de cinq, le grand-père et la grand-mère, des  gens encore relativement jeunes...
Ils ont pris une retraite anticipée  et se sont installés depuis quelques années dans cette région proche de la mer. Ils n'ont eu aucun problème d'adaptation.
Ils sont très heureux d'accueillir, pendant les vacances scolaires, les petits de leur fille qui vit au loin...
La voiture les conduit au village voisin.
Ils arrêtent le véhicule dans un chemin de campagne, au bord de prés déjà verts et parsemés de rares fleurs en cette fin d'hiver. Des parfums agréables leur font oublier les pestilences de la ville...
Le gazouillis des oiseaux enchante les gosses.
En face d'eux, à quelques centaines de mètres se dresse le château, massif, impressionnant.
La grand-mère s'occupe des deux enfants. Ils vont cueillir quelques pieds de salades sauvages ; les gosses préférent confectionner des bouquets avec de petites fleurs et des branches d'arbres fruitiers... qui sèmeront rapidement leurs pétales...
L'homme s'en va de son côté, marchant lentement, pensif et rêveur.
Il fait très beau, un ciel bleu magnifique sans le moindre nuage.
Il a perdu tout le monde de vue.
Petit à petit, il se rapproche du château.
Il éprouve une véritable fascination pour ce bâtiment pourtant sans âge ni style bien défini.
Il connaît la triste histoire de la famille du seigneur du lieu... de ses revers de fortune qui ont obligé les héritiers à revendre la demeure ancestrale.
Le château en cette saison devrait être inhabité et pourtant il lui semble distinguer des volets entrebâillés à quelques fenêtres du premier étage...
Surprenant...
Plus surprenant encore cette espèce de brume grisâtre qui flotte au-dessus des tours. Ce n'est pas de la fumée, le phénomène lui semble incompréhensible, par un  temps pareil, dans cette lumière...
Troublé, il n'en revient pas quand il voit soudain un éclair bleu, d'un bleu plus éclatant que celui du ciel tout à l'heure, d'un bleu éblouissant, qui traverse le nuage sombre.
Il se frotte les yeux, et se rend compte que ce qu'il vient de voir n'a été accompagné d'aucun bruit...
Il regarde autour de lui, rien n'a vraiment changé et pourtant tout lui semble  différent.
Il est incapable de dire pourquoi il ressent ce vague sentiment... Il n'a plus envie de s'approcher davantage du château. Il n'ose regarder dans cette direction.
Il fait demi-tour et repart vers la voiture.
Stupéfait, il ne la voit pas...
Il fouille ses poches à la recherche des clés qu'il ne trouve pas...
Incompréhension et début de panique.
Personne dans les prés ni dans les chemins...

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La vue est très dégagée mais il n'aperçoit pas la moindre silhouette.
Il appelle et n'entend aucun cri, aucune réponse...
Le silence...
La mort dans l'âme il dirige ses pas vers le village mais ne sait à qui s'adresser.
Il arrive devant la mairie et entre...
Deux personnes à l'accueil l'observent d'un air étonné...
Etonné, il l'est lui aussi et son air hagard renforce l'espèce de crainte qui saisit
les employés...
Il connaissait presque tout le monde dans le village et il était connu de tous.
Il s'approche du bureau et raconte son histoire.
On lui demande son nom, son adresse, son numéro de téléphone...
On téléphone et une voix  impersonnelle annonce tranquillement que ce numéro n'est pas attribué.
Même réponse lorsqu'on essaie de joindre sa fille.
Il cherche ses papiers d'identité et ne trouve rien.
Les employés préviennent la gendarmerie de la petite ville voisine et demandent que l'on aille se renseigner dans la rue où l'individu prétend habiter...
L'homme semble prostré.
Quand les gendarmes arrivent il leur adresse un vague regard et dans un murmure presque inaudible essaie de raconter à nouveau sa mésaventure...
Il n'a pas l'air d'y croire lui-même.
Personne ne l'écoute vraiment. Les fonctionnaires sont de plus en plus soupçonneux.
On le conduit à la ville, dans son quartier et il ne reconnaît rien ni personne. et personne ne le reconnaît... A l'emplacement où devrait se dresser sa maison il n'y a qu'un terrain vague où jouent des enfants qui s'expriment dans une langue inconnue, des enfants visiblement originaires d'un pays lointain...
On le met à l'abri dans une étroite cellule et on prévient un médecin.

Il y a fort longtemps que cette histoire s'est déroulée.
Les enquêtes nombreuses et très poussées n'ont jamais abouti.
Depuis l'homme sans nom et sans passé croupit dans un hôpital psychiatrique.
Il est très calme et ne parle à personne.
Devant un fenêtre munie de solides barreaux, à longueur de journée, il contemple le ciel.
Il attend l'éclair bleu...

 



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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 10:57



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Quelques centaines de mètres à peine séparaient les deux fermes. C’était l’hiver, il faisait nuit, le froid était vif. Entre les haies, dans ce chemin profond, le vent du nord s’engouffrait et jouait méchamment avec les capes, les fichus que les gosses pouvaient à peine retenir.
Les gosses… cinq petits, garçons et filles, serrés les uns contre les autres, chacun essayant de ne pas trop s’éloigner des lampes portées par les parents.
La lumière ne leur était pas très utile pourtant car, le plus souvent, ils marchaient les yeux fermés, au risque de trébucher sur le sol inégal…  Ils avaient froid, bien sûr, mais il y avait autre chose…
 La soirée s’était déroulée comme tant d’autres… Parties de cartes, vin chaud, puis tout le monde s’était rassemblé devant la vaste cheminée et on avait lancé les histoires. Très vite on en était venu à des récits de revenants, de cimetières aux flammes tremblotantes, de bruits étranges dans la nuit, d'incidents inexpliqués...
La troupe arrivait enfin à la maison, havre paisible et chaleureux.
La très vieille grand-mère restée à la maison somnolait au coin du feu qu'elle avait soigneusement entretenu. Les lampes à pétrole ou à carbure allumées, dans les grandes pièces enfin éclairées, le sentiment de peur s'éloignait.
Le souvenir pénible des contes effrayants s’effaçait lentement. Ces récits prenaient petit à petit une allure de fable, ni plus ni moins fantastique, ni plus ni moins crédible que celles que l'on apprenait à l'école ou que les merveilles que le catéchisme révélait...
Dans le bien-être retrouvé, on était rassuré et le sommeil, tout doucement, allait s’emparer de ce petit monde… Peu à peu le sentiment de sécurité rendait les émotions passées délicieuses. La peur elle-même devenait agréable, désirable même...
Il y avait une certitude, celle de retrouver, après la tourmente, la paix tranquille du foyer, la solidarité de la famille
L'innocence appréciait ce modeste bonheur dans la confiance retrouvée
On attendait avec impatience les prochaines veillées…





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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 09:59

 

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Mais Clio, le style entre les doigts, attend, postée au coin du coffre brillant,
Clio, le greffier de l’âme, pareille à celle qui tient les comptes...
Ecris, Clio ! confère à toute chose le caractère authentique. Point de pensée
Que notre opacité personnelle ne réserve le moyen de circonscrire
O observatrice, ô guide, ô inscriptrice de notre ombre !

 

Paul CLAUDEL extrait de la première des Cinq Grandes Odes


 

 


Une autre histoire du 21 janvier...


J'ai déjà publié cette histoire... que celles et ceux qui l'on déjà lue veuillent bien me pardonner...
Je l'ai découverte il y a fort lontemps dans la rubrique "faits insolites" d'un quotidien.
Elle était présenté comme véridique...
Les faits se déroulèrent aux Etats-Unis et, à l'époque, la narration de tout ce qui venait de là-bas était toujours accompagnée d'un moue dubitative, d'un haussement d'épaule ou d'une sentence définitive du genre "ils sont fous ces Americains"...
Je raconte, j'écris mes souvenirs de lecture, je n'invente rien...


Il s'agissait d'un homme très riche, très instruit, véritablement amoureux de l'Histoire de France et bizarrement de la personnalité du Roi Louis XVI...
Il s'en était expliqué auprès de ses parents et amis.
Ce Roi, disait-il, était très progressiste...
Le peu qu'il avait eu le temps d'accomplir lui paraissait significatif : interdiction du trafic d'esclaves sur les terres du Roi, les colonies, bien entendu... interdiction de la "Question", cette cruelle torture légale autant qu'inutile... et tentative, hélas un peu velléitaire, de suppression de la peine de mort... 
De plus, pour un citoyen des Etats-Unis, l'engagement personnel du Roi en faveur de la libération des provinces d'outre-Atlantique du joug de l'impérialisme anglais était un puissant argument.
Entrait aussi dans les dispositions favorables de notre Americain le goût du souverain pour les sciences et les techniques, ce qui complétait dans son esprit un tableau largement positif...
Notre homme avait poussé la passion jusqu'à acheter une guillotine d'époque, en état de marche et bien entretenue, il l'avait installée dans une pièce spéciale de la maison, transformée en véritable chapelle du souvenir. Profitant peut-être même de sa crédulité, le vendeur lui avait-il garanti qu'il s'agissait de celle qui avait été utilisée  pour l'exécution de son héros. Il l'avait laissé d'ailleurs entendre à l'un de ses proches... 
La pièce contenait de nombreux documents, fort bien mis en valeur.
Chaque année, le 21 janvier, notre personnage organisait une cérémonie.
Dans le grand salon il rassemblait famille et serviteurs et prononçait l'éloge du Roi.
Il se retirait ensuite, seul, dans la pièce transformée en ce curieux musée, il se recueillait et priait...
Mais cette prière,  qui durait assez longtemps se déroulait dans le cadre d'un rituel assez sinistre. En effet, pendant cette méditation notre homme s'agenouillait et passait sa tête dans la lunette, cette encoche située juste au-dessous du lourd couperet.
Cette année-là, les participants à la commémoration trouvèrent que  la retraite du maître durait plus longtemps que d'habitude.
Il fallut forcer la serrure.
Tout le monde resta figé d'horreur devant le spectacle... une énorme mare de sang et le corps décapité de leur hôte...

 

 

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  Clio détail de "L'Allégorie 
 de la Peinture par Vermeer
1666

 

Née, comme ses huit sœurs, les Muses, de l'union de Zeus et Mnémosyne, la Muse de l'Histoire porte une couronne de laurier.
Elle tient dans la main droite une trompette, pour proclamer les hauts faits, une cithare, pour chanter les exploits d’un héros, ou encore une clepsydre, emblème de l’ordre chronologique des événements.
Elle se tient debout ou assise, lisant un rouleau de papier ou se penchant vers une pile de livres. Son nom vient d’un mot grec qui signifie fêter, célébrer pour chanter la gloire des guerriers et la renommée d’un peuple.

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 11:33





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Je venais d'être muté à Sète... professeur au lycée JoliotCurie
Un de mes rêves les plus chers !

J'attendais ce moment depuis si longtemps... depuis le lointain début de ma carrière.

Ce lycée, c'est le lycée de la plage, la plage de la Corniche.

Ne me dites pas que vous ne connaissez pas la "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète" de Georges Brassens !!!

 

Nous trouvons à nous loger, route de Montpellier, à l'autre extrémité de la ville, tous les matins je dois donc la traverser.

Ce trajet de quelques kilomètres, parcouru seul, en voiture, va devenir un itinéraire mythique.

 


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Il longe le canal, traverse les ponts dont le tablier se lève ou pivote à certaines heures pour permettre la navigation de gros bateaux, prend le boulevard qui borde l'étang de Thau, passe devant la caserne Vauban désaffectée, le nouvel hôpital, "l'espace-musée" consacré à Brassens et enfin devant ce lieu qui m'attendrit : le cimetière le Py, "le cimetière des pauvres" où repose le chanteur-poète.


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Un instant d'émotion consacré à l'artiste et à l'homme que j'ai eu le bonheur de rencontrer et je découvre la plage et la mer et le lycée dont les enseignants chaleureux mais blasés, vieux Sétoris, pour la plupart, ne comprennent pas mon enthousiasme.




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Cette mer qui nous entoure, que je peux contempler depuis ma salle de classe comme les élèves,  si souvent distraits...

 

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Hélas, tous les itinéraires ne mènent pas au paradis...

La réalité reprend ses droits.

Comme Brassens qui n'a pu être enterré sur sa plage, comme la caserne Vauban qui fut amputée d'une moitié de sa façade, mon enthousiasme ne résiste guère au temps et aux difficultés, ma carrière prendra quelques mois plus tard un tournant décisif et se terminera sous d'autres cieux...

mais je n'oublierai jamais ces moments d'enchantement.


 





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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 17:20



0ajongl


Un gentil Ecureuil Bleu a organisé un amical concours : 
"Délires pour rire"


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Allez donc vous régaler à la lecture des récits des participants...
21 histoires plus désopilantes les uns que les autres
et profitez-en pour voter pour ceux qui vous paraissent mériter les palmes
 
ICI
0fous2



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12 décembre 2009 6 12 /12 /décembre /2009 21:55



0bbmanek


Ecureuil bleu organise un jeu jusqu'au 21 décembre, intitulé  Délires pour rire
  (clic sur le lien)



C'était un magnifique début de nuit du mois d'août...
Ma soeur, douze ans et moi, près de seize, nous étions en vacances chez des parents dans un
petit village des Cévennes gardoises au pied du mont Lozère
Délicieuse soirée pour une promenade familiale sur une petite route peu fréquentée...
d'autant plus délicieuse que ma cousine, âgée d'à peine un an de plus que moi, si mignonne que
j'en étais naturellement tombé éperdument amoureux, avait décidé de nous accompagner.
Il faisait chaud.
Nous étions vêtus légèrement, pour moi un short et une chemisette que je ne boutonnais même
pas.
Ma tante munie d'un lampe de poche nous précédait largement ce qui me permettait de me rapprocher de ma chère cousine et d'essayer de lui voler un chaste baiser...

Je fus pris d'un besoin urgent...

Je laisse tout le monde continuer, je m'écarte un peu, je franchis le petit fossé et je me préprare à satisfaire mon besoin naturel. Je fais un pas en avant et... je plonge
Je plonge verticalement, tout droit... ça dure un dixième de seconde, même pas le temps de me
poser une question,
Je ne peux m'accrocher nulle part... d'ailleurs mes mains sont occupées...
Mes pieds touchent terre et je ressens aussitôt mille brûlures.
Partout...
Sur tout le corps
Le visage, la poitrine, les bras, le ventre... les jambes...
Je saisis ce qui me semble être la tige d'une grosse plante et ma main aussitôt s'enflamme
Je comprends que je suis tombé dans un champ d'orties !
Des orties géantes !
J'appelle au secours...
Tout le monde arrive.
Je m'attends à des lamentations sur mon triste sort... ce sont des rires qui me répondent !
Et je souffre comme un damné...
Ces dames daignent enfin m'aider à sortir de ce lieu maudit.
Elles me tirent par les bras.
J'appuie mes pieds contre le talus et elles parviennent à m'arracher à l'abîme...
Il est vrai qu'à l'époque je ne pesais pas très lourd.
Les rires s'arrêtent quand le rayon de la lampe se pose sur mon visage : je suis couvert de cloques...
Les brûlures et démangeaisons me reprennent.
Nous nous précipitons vers la maison.
Un bon bain, des pommades adoucissantes atténueront mes douleurs... mais pas la honte d'avoir 
offert à ma cousine bien aimée un spectacle affligeant, la perte de toute dignité...


Pour les bonnes âmes qui se soucieraient de ma santé, je précise que les jeunes et délicats attributs virils, que j'avais si malencontreusement dénudés, n'ont subi aucun dégat irréversible au cours de
cette urticante mésaventure...




0bbortie 

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1 août 2009 6 01 /08 /août /2009 13:57




 




Il n'est pas peintre et il le regrette
Il adore les lacs et les étangs,  surtout le reflet des arbres dans l'eau, celui des passerelles, des maisons...
Il est mathématicien.
Ce matin, après avoir passé la nuit à essayer de résumer l'essentiel de son oeuvre, le jeune homme se prépare.
Il saisit son chapeau huit-reflets, coince son monocle sur l'oeil droit, jette la cape sur ses épaules et prend sa canne.




Il sort.
Le jour n'est pas encore levé
Il pleut, une bruine légère...
L'homme admire au passage le reflet irisé  de la lumière des réverbères dans les flaques d'eau...
Il a toujours aimé les lumières trompeuses.





Il aurait pu accepter la proposition de son témoin de venir le chercher en calèche
Il préfère marcher.
Son adversaire doit être déjà sur les lieux.
Il l'imagine attendant dans la clairière
Il voit les témoins portant la mallette des armes
Il a un frisson
Il presse le pas...








En modeste (et très fantaisiste) hommage à Evariste Galois...
Pourquoi ai-je pensé à lui,
Pourquoi ai-je pensé à ce génie malheureux ?
Je ne sais...
Le chapeau huit-reflets, qu'il n'a certainement jamais porté ?
Je ne suis ni peintre ni photographe mais j'aime beaucoup la magie des reflets...

Évariste Galois (1811 - 1832 )
Mathématicien de génie
En mars 1832, Galois fut transféré dans une clinique privée à cause d'une épidémie de choléra. Il semble y avoir rencontré une jeune femme, Stéphanie Poterin du Motel, et dont il s'éprit d'un amour apparemment malheureux. Elle lui demanda de rompre le 14 mai. Quelques semaines plus tard, le 30 mai 1832 il affronta en duel 
 Pescheux d'Herbinville, amant de Stéphanie. Blessé à l'abdomen, Galois fut transporté à l'hôpital et mourut le 31 mai 1832, à l'âge de 20 ans et 7 mois

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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 18:42

 

 

 

 

 

 

 

 

Et des gens sans importance

oubliés dans les sombres recoins de la Grande Histoire...

 



Elles arrivèrent un jour, comme des milliers d'autres, dans une de ces  petites villes du midi d'un pays déchiré...
Elles venaient du nord mais à leur teint mat et leurs cheveux noirs, on devinait sans peine qu'elles n'étaient pas originaires de là-haut...
La fillette avait une douzaine d'années et il était impossible de donner un âge à la mère... ou la grand-mère. Toujours vêtues de sombre elles ne parlaient à personne et quand elles le faisaient, les gens du cru n'y comprenaient rien ou faisaient semblant...
C'était beaucoup plus facile.
La mairie leur attribua un logement obscur dans une ruelle sordide et quelques bons pour la soupe populaire.
Elles survécurent, isolées au milieu d'une population hostile et dans la crainte permanente de se voir privées du peu qu'elles avaient réussir à obtenir.
Les bonnes soeurs du couvent proche s'occupèrent d'elles quelque temps, d'abord de façon assidue, puis beaucoup moins régulièrement quand elles constatèrent qu'il était impossible d'en faire de bonnes et dociles paroissiennes mais elles ne les abandonnèrent jamais totalement. 
Bizarrement, les deux femmes ne furent pas inquiétées par les troupes d'occupation...
Il faut dire que ces troupes, dans cette contrée relativement tranquille, n'étaient guère reluisantes... des enrôlés de force dans l'armée triomphante, venant pour la plupart de pays lointains récemment conquis, parqués dans des établissements scolaires et qu'il n'était pas rare de voir mendier un peu de nourriture dans les rues de la ville. Les officiers dans leurs hôtels particuliers ne s'occupaient guère d'eux et les méprisaient... comme on méprise des mercenaires et des bourreaux occasionnels. 
Ils étaient en effet parfois amenés à fusiller certains de leurs camarades qui avaient essayé de s'enfuir dans la campagne environnante et rattrapés le plus souvent par des groupes auxiliaires, un peu désoeuvrés car un début de résistance mit très longtemps à s'organiser dans la région. 
Certaines rumeurs prétendaient que ces exécutions sommaires constituaient d'ailleurs un  spectacle fort prisé  des quelques rares notables, des édiles particulièrement serviles, des médecins, des magistrats et leurs proches, admis à tour de rôle à y assister.
Nos deux réfugiées apprirent vite à se méfier bien plus des hommes au béret décoré d'un insigne ou arborant un vague brassard, que des soldats dépenaillés...
La vieille était de plus en plus décrépite, courbée et sa santé déclinait. Les bonnes gens prétendaient qu'elle buvait... Mais qu'aurait-elle pu boire ? Avec quel argent aurait-elle pu se procurer un alcool quelconque ? La rumeur décide seule...
La petite avait grandi, embelli. Elle était fort mignonne et paraissait bien plus âgée qu'elle n'était en réalité...
Les jeunes gens qui l'apercevaient commençaient à s'intéresser à elle.
Puis vinrent des temps plus troublés encore.
La ville et les environs n'étaient plus très sûrs.
Des gens en armes, avec ou sans uniforme parcouraient les rues du bourg. Certains paradaient,  protégés par la proximité des troupes plus fraîches des grandes villes voisines, d'autres se faufilaient, se cachaient, faisaient leur coup et disparaissaient.
Comment la jeune fille fit-elle la connaissance d'un de ces jeunes de passage ?
A quel camp appartenait-il ? l'histoire ne le dit pas. Peut-être l'aida-t-elle à se cacher alors qu'il cherchait à fuir ?
Toujours est-il qu'ils se revirent, qu'ils se rencontèrent de plus en plus fréquemment, allant se promener longuement dans des endroits qu'ils croyaient tranquilles.
La petite restait farouche.
Le jeune homme devenait de plus en plus entreprenant.
Elle ne cédait pas.
Au cours d'une balade, à une heure où ils auraient dû être rentrés depuis longtemps, ils se virent entourés par une bande armée. La plupart portaient des uniformes. Tous étaient ivres de vin et d'un pouvoir sans contrôle.
Il essaya d'expliquer sa situation mais personne ne voulut l'écouter et il fut immédiatement abattu.
La jeune fille tenta vainement de s'enfuir. Rapidement rattrapée elle fut violée, atrocement torturée et laissée pour morte. Mais l'agonie fut longue. La mort est patiente.
La vieille ne la voyant pas rentrer essaya d'alerter les autorités, mais d'autorités il n'y avait plus.
Pas question d'arganiser la moindre recherche.
Personne ne voulut entendre son désespoir.
On la déclara folle et on l'enferma à l'asile le plus proche.

 


 

 


 

 


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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 01:06





Viry le mardi 22 octobre...
Réunion familiale au repas de midi…
C'est trop beau !
J'ai encore vaguement l'impression d'avoir oublié quelque chose.
Dernières vérifications...
Nom de Zeus, je ne trouve plus les papiers de la voiture !
Je dois la laisser chez mon neveu et au retour nous avons prévu d'aller faire un détour par le Limousin.
Je ne peux pas me permettre de faire plusieurs centaines de kilomètres  sans les papiers !
Perdus ou oubliés... ?
Impossible de vérifier... pas le temps !
Une idée géniale (ça me prend de temps en temps) : aller faire une déclaration de perte au commissariat du cru.
ça marche, je peux rouler pendant un mois sans carte grise !
A peine remis de l'émotion, patatras !
Relisant les documents pour le voyage je m'aperçois avec stupeur que le départ ne se fait pas à Orly mais à Roissy...
je suis vraiment le roi des...
ma femme le dit plus poliment mais c’est bien le sens général de sa diatribe !
Mon neveu en rajoute : "ça change tout !"
Roissy au lieu d'Orly !
Catastrophe... si Orly est à côté de Viry, Roissy et à l'autre bout du monde.
Et mon neveu et ma nièce travaillent demain, pas question de nous conduire là-bas et pas davantage question de m'aventurer au volant dans Paris !
Nous ne sommes plus perdus sur les routes d'Ile-de-France mais le ton monte...
Téléphone, renseignements : il y a des cars d'Air-France assurant toutes les vingt minutes la navette  entre les deux aéroports.
Ouf !

Et par dessus tout ça mon appréhension du vol qui m'attend s'accroît d'heure en heure...




La nuit n'est pas vraiment sereine.
Le 23 nous n'embarquons qu'à 15 heures mais il faut être à l'aéroport deux heures à l'avance...
Lever aux aurores... mon neveu redoute les embouteillages entre Viry et Orly et en effet il a bien raison !
Comment peuvent-ils vivre dans ce coin ?
Je bous d'impatience et je deviens franchement insupportable ! (c'est rare...)
La navette est rapide, le chauffeur virtuose... on arrive à l'heure...
Et vlan ! pour le terminal 3, il aurait fallu descendre au 1 !
Des kilomètres  de couloirs en traînant les valises...
Puis les formalités, les attentes sans fin...
La passerelle... l'angoisse...
j'en viens à regretter fort le joyeux temps de la marine en bois…




Le décollage du Boeing...
La ceinture...
Trois sièges côte à côte... pas beaucoup de place.
Une fois de plus je me promets de faire un régime sévère...
si je survis...

Je ferme les yeux, je croise les doigts.
L'engin monte toujours.
Je ferme les yeux, je mâche du chewing-gum...
L'appareil est à enfin à l'horizontale...
J'entrouve un oeil sur un cri de ma femme "que c'est beau !".
Je tourne le tête vers le hublot et pour moi, c'est l'horreur !
Moi qui ne peux regarder l'écran de  la télé quand les héros sont au sommet de quelque gratte-ciel ! là, je suis gâté..
J'ai l'impression de feuilleter un atlas... mais je vole au dessus des cartes,  à 15 kilomètres de hauteur dans un ciel splendide...
Rassurant, le personnel nous parle sur un ton tranquille de manoevre d'évacuation de l'avion...
ils en ont de bonnes !
mais c'est que je ne sais pas voler naturellement, moi !
Je décide de dormir pendant les quatre heures qui vont suivre…
En surveillant les bruits des moteurs...
Quelques turbulences sont annoncées par haut-parleur…
Bof…
Encore une étape cruciale, l'atterrisage...
Mais maintenant il fait nuit (décalage horaire d'une petite heure)
Les formalités sont assez rapidement expédiées...
Les bus nous attendent car l'hôtel est très loin.
Antalya est immense...
Notre guide, Adlem, qui a fait une partie de ses études en France nous présente les grandes étapes de notre périple.
Encore les valises
et puis le confort, l'excellent repas
le repos

J'ai survécu !



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