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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 02:19






Cette histoire est assez connue.
Un écrivain célèbre écrit à un poète non moins célèbre qui lui répond.
Des lettres plutôt enflammées mais relativement banales.
Elles le sont beaucoup moins quand on a découvert le secret de cette correspondance...
Mettez donc  votre perspicacité à l'épreuve !

De qui s'agit-il ?
Quel est le secret ?


solution au prochain numéro



 Lettre de G...


 je suis très émue de vous dire que j'ai

 bien compris l'autre soir que vous aviez

 toujours une envie folle de me faire

 danser. Je garde le souvenir de votre

 baiser et je voudrais bien que ce soit

 là une preuve que je puisse être aimée

 par vous. Je suis prête à vous montrer mon

 affection toute désintéressée et  sans cal-

 cul, et si vous vouliez me voir aussi

 vous dévoiler sans artifice mon âme

 toute nue, venez me faire visite.

 nous causerons en amis, franchement.

 je vous prouverai que je suis la femme

 sincère, capable de vous offrir l'affection

 la plus profonde, comme la plus étroite

 amitié, en un mot la meilleure preuve

 que vous puissiez rêver, puisque votre

 âme est libre. Pensez que la solitude où j'ha

 bite est bien longue, bien dure et souvent

 difficile. Ainsi, en y songeant, j'ai l'âme

 grosse. Accourez donc vite et venez me la

 faire oublier par l'amour où je veux me

 mettre entièrement.


Votre G...


       Réponse de A...


  Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,

  Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?

  Vous avez capturé les sentiments d'un coeur

  Que pour vous adorer forma le créateur.

  Je vous chéris, amour, et ma plume en délire

  Couche sur le papier ce que je n'ose dire.

  Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,

  Vous saurez quel remède apporter à mes maux.



  Réponse de G...


  Cette insigne faveur que votre coeur réclame

  Nuit à ma renommée et répugne à mon âme






 


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13 janvier 2009 2 13 /01 /janvier /2009 01:06






septembre 1914 - sur le front de l'est...









Vers le soir, les forêts d'automne retentissent
des armes de la mort, les plaines dorées,
les lacs bleus et par-dessus le soleil
encore plus sombre roule ; la nuit enserre
des guerriers mourants, la lamentation sauvage
de leurs bouches en éclat.
Mais en silence s'amoncelle au fond du pâturage
nuée rouge, là vit un dieu coléreux,
le sang est vidé, froid de lune
Toutes les routes débouchent dans la pourriture noire
Sous les rameaux d'or de la nuit et des étoiles,
Vacille l'ombre de la soeur au travers du bois muet
Pour saluer les esprits des héros, les têtes en sang
Et doucement sonnent dans les roseaux les flûtes
obscures de l'automne
Ô deuil plus fier autel d'airain
La flamme chaude de l'esprit nourrit aujourd'hui
une douleur violente,
Les descendants qui ne verront pas le jour
.


 

"Toter Sappenposten" - Otto Dix (1891-1969)

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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 02:39



Estampe (détail) - fin XIXème siècle
Paris - Musée national des Arts et Traditions Populaires




J'aimerais savoir peindre afin de transposer sur la toile le poème "Occident" de Georg Trakl...




Abendland

Ihr großen Städte
Steinern aufgebaut
In der Ebene !
So sprachlos folgt
Der Heimatlose
Mit dunkler Stirne dem Wind,
Kahlen Bäumen am Hügel.
Ihr weithin dämmernden Ströme !
Gewaltig ängstet
Schaurige Abendröte
Im Sturmgewölk.
Ihr sterbenden Völker !
Bleiche Woge
Zerschellend am Strande der Nacht,
Fallende Sterne

Occident

Ô grandes villes
Bâties de pierre
dans la plaine !
Avec quel mutisme il suit
Le vent, l’apatride
Au front sombre,
  Et les arbres dépouillés sur la colline.
Ô fleuves s’enténébrant au loin !
Angoissant
L’atroce soleil couchant
Dans la nuée d’orage.
Ô peuples qui meurent !
Vague blême
  Qui se brise sur la grève de la nuit
Chute d’étoiles








"La ville morte" par Egon Schiele








"Soleil d'automne et arbres"
par Egon Schiele



Trakl le dédia à Else Lasker-Schuler qui écrivit le poème Weltende (fin du monde) :


Et toujours résonne,
Entre les murs noirs, le vent solitaire de Dieu...
Il est des larmes dans le monde
Comme si le bon dieu était mort.
Et l'ombre de plomb qui tombe
Pèse du poids du tombeau.



Else Lasker-Schuler


Georg Takl aborde certains des thèmes fondateurs qui seront ceux du mouvement expressionniste, la destruction de la personnalité par la société, l'absence de sens de la vie.



Egon Schiele - 1914


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2 janvier 2009 5 02 /01 /janvier /2009 23:39



Georg Trakl - Poète autrichien (1887-1914)


Chant du soir


Le soir, quand nous allons par les sentiers obscurs,
Se lèvent devant nous nos formes blêmes.

Quand la soif nous saisit,
Nous buvons les eaux pâles de l’étang,
La douceur de notre triste enfance.

Las à mourir, nous reposons sous l’arche d’un sureau,
Les yeux au vol des mouettes grises.

Des nuages de printemps montent sur la sombre ville
Qui tait les temps plus illustres des moines.

Quand j’ai pris tes mains étroites dans les miennes,
Tu ouvris doucement tes yeux immenses.
Tout est passé depuis longtemps.

Mais quand l’âme est visitée d’une harmonie obscure
Tu apparais à l’ami, toute blanche dans son paysage automnal.







Ruine

Au soir, quand les cloches sonnent la paix,
Je suis les vols splendides des oiseaux
Qui en longues troupes, pareilles aux pieux cortèges des pèlerins,
S'évanouissent dans les lointains aux clartés d'au­tomne.

Cheminant dans le jardin empli de crépuscule
Je rêve à leurs destins plus clairs
Et sens à peine encore l'aiguille des heures avancer.
Ainsi je suis, au-delà des nuages, leurs voyages.

Alors me fait trembler un souffle de ruine.
Le merle lamente dans les branches effeuillées.
Chancelle la vigne rouge aux grillages rouilles,

Tandis que comme des rondes macabres d'enfants blêmes
Autour de sombres margelles qui s'effritent,
Frissonnant dans le vent des asters bleus se penchent.




Crépuscule et Déclin


Bleuâtre s'assombrit le printemps ; sous des arbres qui boivent,
De l'obscur chemine dans le soir et le déclin,
Épiant la douce plainte du merle.
Muette, la nuit paraît, gibier qui saigne
Et lentement sur la colline s'affaisse.

Dans l'air humide oscillent les rameaux en fleur du pommier,
Se dénoue dans l'argent l'entrelacé
Qui s'échappe mourant d'yeux de nuit ; chute d'étoiles ;
Doux chant de l'enfance.

Plus visible, le dormeur descendit la noire forêt,
Et se mit à bruire une source bleue dans le vallon,
Au point qu'il leva doucement ses paupières blêmes
Sur ce visage de neige ;

Et la lune chassa une bête rousse
De sa caverne ;
Et mourut en soupirs la sombre plainte des femmes.
Plus radieux leva les mains vers son étoile
L'étranger blanc ;
Muet, un mort quitte la maison en ruine.

Ô la forme décomposée de l'homme : faite de métaux froids,
De nuit et de la peur des forêts englouties
Et de la sauvagerie, qui brûle, de l'animal ;
Accalmie de l'âme.

Dans une barque noirâtre il descendit des fleuves étincelants,
Pleins d'étoiles pourpres, et paisibles
Tombèrent sur lui les branches reverdies,
Pavot écoulé du nuage d'argent.







le chant de l'isolé

Calme obscur de l'enfance. Sous des frênes verdoyants
Pâture la douceur d'un bleuâtre regard: repos d'or.
Le parfum des violettes ravit une âme obscure: épis qui
se balancent
Dans le soir, semence et ombre d'or de la mélancolie.
Le charpentier taille des poutres; dans la combe
crépusculaire
Le moulin tourne; dans les feuilles du noisetier se galbe
une bouche pourpre,
Virilité penchée rouge sur des eaux nocturnes.
Il est léger l'automne, l'esprit de la forêt; un nuage d'or
Suit le solitaire, l'ombre noire du descendant.
Déclin dans la chambre de pierre; sous de vieux cyprès
Les images nocturnes des larmes ont conflué en une source;
Œil d'or des origines, patience obscure de la fin.





Georges Trakl - lithographie d'Hildegarde Jone - 1914









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27 décembre 2008 6 27 /12 /décembre /2008 00:16





 Du rêve avec un poète peut-être un peu oublié...
I

Mon âme est une infante en robe de parade,

Dont l'exil se reflète, éternel et royal,
Aux grands miroirs déserts d'un vieil Escurial,
Ainsi qu'une galère oubliée en la rade.

Aux pieds de son fauteuil, allongés noblement,
Deux lévriers d'Ecosse aux yeux mélancoliques
Chassent, quand il lui plaît, les bêtes symboliques
Dans la forêt du Rêve et de l'Enchantement.
 
Son page favori, qui s'appelle Naguère,
Lui lit d'ensorcelants poèmes à mi-voix,
Cependant qu'immobile, une tulipe aux doigts,
Elle écoute mourir en elle leur mystère...

Le parc alentour d'elle étend ses frondaisons,
Ses marbres, ses bassins, ses rampes à balustres;
Et, grave, elle s'enivre à ces songes illustres
Que recèlent pour nous les nobles horizons.
 
Elle est là résignée, et douce, et sans surprise,
Sachant trop pour lutter comme tout est fatal,
Et se sentant, malgré quelque dédain natal,
Sensible à la pitié comme l'onde à la brise.
 
Elle est là résignée, et douce en ses sanglots,
Plus sombre seulement quand elle évoque en songe,
Quelque Armada sombrée à l'éternel mensonge,
Et tant de beaux espoirs endormis sous les flots.


Les soirs trop lourds de pourpre où sa fierté soupire,
Les portraits de Van Dyck aux beaux doigts longs et purs,
Pâles en velours noirs sur l'or vieilli des murs,
En leurs grands airs défunts la font rêver d'empire.
 








Les vieux mirages d'or ont dissipé son deuil,
Et dans les visions où son ennui s'échappe,
Soudain - gloire ou soleil- un rayon qui la frappe
Allume en elle tous les rubis de l'orgueil.

Mais d'un sourire triste elle apaise ces fièvres;
Et, redoutant la foule aux tumultes de fer,
Elle écoute la vie - au loin - comme la mer...
Et le secret se fait plus profond sur ses lèvres.

Rien n'émeut d'un frisson l'eau pâle de ses yeux,
Où s'est assis l'Esprit voilé des Villes mortes;
Et par les salles, où sans bruit tournent les portes,
Elle va, s'enchantant de mots mystérieux.

L'eau vaine des jets d'eau là-bas tombe en cascade,
Et, pâle à la croisée, une tulipe aux doigts,
Elle est là, reflétée aux miroirs d'autrefois,
Ainsi qu'une galère oubliée en la rade.
 
Mon Ame est une infante en robe de parade.








II

Je rêve de vers doux et d'intimes ramages,
De vers à frôler l'âme ainsi que des plumages,

De vers blonds où le sens fluide se délie
Comme sous l'eau la chevelure d'Ophélie,

De vers silencieux, et sans rythme et sans trame
Où la rime sans bruit glisse comme une rame,

De vers d'une ancienne étoffe, exténuée,
Impalpable comme le son et la nuée,

De vers de soir d'automne ensorcelant les heures
Au rite féminin des syllabes mineures.

Je rêve de vers doux mourant comme des roses.








Albert Samain (1858- 1900) poète français disciple de Baudelaire et de Verlaine
Les Ménines de Vélasquez (détail) - 1656
Palais-monastère de l'Escorial de Philippe II (peinture de l'école espagnole du XVII ème siècle)
illustration de B. Neibecker
tableau de John Everett Millais : Ophelia -1852
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12 décembre 2008 5 12 /12 /décembre /2008 23:17

 









Iéu , d'uno chato enamourado
Aro qu'ai di la mau-parado,
Cantarai , se Diéu vou , un enfant de Cassis ,
Un simple pescaire d'anchoio
Qu'emé soun qàubi e ' mé sa voio
Dou pur amour gagné li joio ,
L'empèri , lou trelus . Amo de moun pais ,


Tu que dardaies , manifèsto ,
E dins sa lengo e dins sa gèsto ;
Quand li baroun picard , alemand , bourguignoun,
Sarravon Toulouso e Bèu-Caire,
Tu qu'empurères de tout caire
Contro li nègri cavaucaire
Lis ome de marsiho e li fiéu d'Avignoun ;



Pèr la grandour di remembranco
Tu que nous sauves l'esperanco ;
Tu que dins la jouinesso , e plus caud e plus bèu
Mau-grat la mort e l'aclapaire,
Fas regreia lou sang di paire ;
Tu qu'ispirant li dous troubaire ,
Fas pièi mistraleja la voues de Mirabèu ;




Car lis oundado seculàri
E si tempèsto e sis esglàri
An bèu mescla li pople , escafa li counfin ,
La terro maire , la Naturo ,
Nourris toujour sa pourtaduro
Dou meme la : sa pousso duro
Toujour à l'oulivié dounara l'oli fin ;


Amo de-longo renadivo ,
Amo jouiouso e fièro e vivo ,
Qu'endihes dins lou brut dou Rose e dou Rousau


Amo di seuvo armouniouso
E di calanco souleiouso,
De la patrio amo piouso ,
T'apelle ! encarno-te dins mi vers prouvençau 





Moi qui d'une amoureuse jeune fille
ai dit maintenant l'infortune ,
je chanterai , si Dieu le veut , un enfant de Cassis
un simple pêcheur d'anchois
qui , par la grâce et par la volonté ,
du pur amour conquit les joies ,
l'empire , la splendeur . Ame de mon pays ,


Toi qui rayonnes , manifeste ,
dans son histoire et dans sa langue ;
quand les barons picards , allemands , bourguignons
pressaient Toulouse et Beaucaire ,
toi qui enflammas de partout
contre les noirs chevaucheurs
les hommes de Marseille et les fils d'Avignon ;


 


Par la grandeur des souvenirs ,
toi qui nous sauves l'espérance ;
toi qui , dans la jeunesse , et qui plus chaud et plus beau
malgré la mort et le fossoyeur ,
fais reverdir le sang des pères ;
toi qui , inspirant les doux troubadours ,
telle que le mistral , fais ensuite gronder la voix de Mirabeau ; 


Car les houles des siècles ,
et leurs tempêtes et leurs horreurs,
en vain mêlent les peuples , effacent les frontières la terre maternelle , la Nature ,
nourrit toujours ses fils
du même lait , sa dure mamelle
toujours à l'olivier donnera l'huile fine ;

 


Ame éternellement renaissante ,
âme joyeuse et fière et vive ,
qui hennis dans le bruit du Rhone et de son vent ,


âme des bois pleins d'harmonie

et des calanques pleines de soleil ,
de la patrie âme pieuse ,
je t'appelle ! incarne-toi dans mes vers provençaux


Mistral (Calendal-  le poème épique de la  Provence)




Fredéric Mistral est né en  1830, à Maillane dans les Bouches-du-Rhône ,  au mas du Juge,  près de Maillane.
Il mourra dans cette ville en mars 1914.







Mistral est d'abord pensionnaire à l'abbaye de Frigolet, non loin de Tarascon. "Un ancien monastère situé dans la montagnette , écrit-il, jardin sauvage de plantes aromatiques et paradis ouvert, pour ses écoliers , en cage transparente.."
Ensuite, c'est Avignon et Nîmes où il obtient son baccalauréat, puis Aix-en Provence où il commence des études de droit
Mais il revient à  Maillane et s'engage à  " raviver en Provence le sentiment de race, provoquer un résurrection par la restauration de la langue maternelle et historique de mon pays, rendre la vogue au provençal par l'influx et la flamme de la divine poésie".
C'est là que naît l'idée du "Félibrige", qu'il crée le  21 mai 1854 , avec six autres défenseurs de la langue provençale. Les sept "primadié", fondateurs du félibrige sont Jóusè Roumaniho, Frederi Mistral, Teodor Aubanel, Ansèume Matiéu, Jan Brunet, Anfos Tavan et Pau Giera.
La signification du mot félibrige, n'est pas très sûre.  Il pourrait s'agir de celui qui "fait des livres", ou de ce qui "rend libre". En latin ,"Libra" signifie aussi "balance", symbole de justice. Mistral précise qu'il trouva le terme de félibre au cours de la lecture d'une ancienne poésie dans laquelle la Vierge Marie explique avoir trouvé son fils dans le temple, "parmi les sept félibres de la loi".   Placé sous le patronage de sainte Estelle, ce mouvement accueillera des poètes catalans chassés d'Espagne par Isabelle II. 
Cet accueil sera à l'origine du don de la Coupo Santo
...
Mistral  écrira le poème qui deviendra un véritable hymne des Occitans.




          


"Record ofert per patricis catalans als felibres provenzals per la hospitalita donada al poeta catala Victor Balaguer"


 



Alphonse Daudet et Frédéric Mistral se rencontrent souvent  et l'admiration de Daudet pour ce "grand poète" n'a pas de limite.
Une amitié solide  lie aussi Mistral et Stéphane Mallarmé.

En 1859 , Mistral publie "Mireille", qu'il  associe à la Vierge : "Je suis persuadé que "Miréio" , Mireille, est le nom même de Marie  dérivant de l'hébreu Myriam et provençalisé par les juifs de Provence, très anciens dans le pays". De ce poème, Charles Gounod tirera un opéra qui aura un énorme succès.

En 1863 , devant une France divisée en départements, un historien méridional, Louis Capefique écrit : " Nous ne serons jamais des enfants des Bouches-du-Rhône, démarcation de fantaisie , nous sommes des Provençaux".
On a dit de Mistral qu'il était réactionnaire... il est patriote et régionaliste, fédéraliste même au niveau européen...
"C'est en nous retrempant dans nos origines que nous échapperons à la périlleuse faiblesse du cosmopolitisme et aux platitudes de l'universel nivellement...
De façon ou d'autre, il faut que la France, dans l'univers, soit le flambeau...
Nous autres  les Provençaux, flamme unanime, nous sommes de la grande France, franchement et loyalement"
Il est sans illusion...
A Charles Maurras qui l'avait invité à participer à un étude sur la Monarchie ,il écrit: "...Mais pour répondre tout de suite à votre aimable demande, je vous prie de me laisser dans le silence où je vis, car je ne veux à aucun prix et à aucun titre remettre le pied dans la politique. Dans les populations qu’on nous a faites, je constate trop de signes d’incapacité ou de sottise criminelle pour que je leur souhaite l’autonomie de nos rêves. Plus l’instruction moderne se répand dans les masses, plus les élus de ces masses sont choisis parmi les obtus et les vandales raisonneurs."

Mistral reçoit le Prix Nobel de littérature en 1904.

Il accueille à Maillane de nombreux visiteurs.
En 1913, Raymond Poincaré, président de la République, rend visite à Mistral
 
 



Le poète refuse un siège à l'Académie Française. 



"Prenen sis alo a l'iroundello
Souvènt a l'aubo tôuti d'aut
E la Prouvènco eil amoundant
S'envoulara dins lis estello."

"Prenons ses ailes à l'hirondelle
Souvent à l'aube tous debouts
Et la Provence au bout du ciel
S'envolera dans les étoiles."





 

 

 


sources :

différents sites et blogs : wikipédia,  lexilogos, les trois provençaux, encarta, museon arlaten, club acacia, archive.org...

 

 

 








 

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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 01:20




photo de Richepin par  Nadar


Oh! l'amour d'une mère !  amour que nul n'oublie! 
Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie !
Chacun en a sa part et tous l'ont en entier."

Victor Hugo



Y avait un'fois un pauv'gas,
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Y avait un'fois un pauv'gas,
Qu'aimait cell'qui n'l'aimait pas.


Elle lui dit : Apport'moi d'main
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Elle lui dit : Apport'moi d'main
L'cœur de ta mèr' pour mon chien.


Va chez sa mère et la tue
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Va chez sa mère et la tue,
Lui prit l'cœur et s'en courut.


Comme il courait, il tomba,
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Comme il courait, il tomba,
Et par terre l'cœur roula.


Et pendant que l'cœur roulait,
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Et pendant que l'cœur roulait,
Entendit l'cœur qui parlait.


Et l'cœur lui dit en pleurant,
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Et l'cœur lui dit en pleurant :
T'es-tu fait mal mon enfant ? "






portrait de Richepin par Steinlein



Jean Richepin -  poète français - 1848-1926


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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 02:16



   
 Quand verrai-je les îles où furent des parents ?
Le soir, devant la porte et devant l'océan
on fumait des cigares en habit bleu barbeau.
Une guitare de nègre ronflait, et l'eau
de pluie dormait dans les cuves de la cour.
L'océan était comme des bouquets en tulle
et le soir triste comme l'été et une flûte.
On fumait des cigares noirs et leurs points rouges
s'allumaient comme ces oiseaux aux nids de mousse
dont parlent certains poètes de grand talent.
Ô Père de mon Père, tu étais là, devant
mon âme qui n'était pas née, et sous le vent
les avisos glissaient dans la nuit coloniale.
Quand tu pensais en fumant ton cigare,
et qu'un nègre jouait d'une triste guitare,
mon âme qui n'était pas née existait-elle?
Était-elle la guitare ou l'aile de l'aviso?
Était-elle le mouvement d'une tête d'oiseau
caché lors au fond des plantations,
ou le vol d'un insecte lourd dans la maison ?






 
"Nave, nave, Mahana..." (jours délicieux) de Paul Gauguin - 1896
Autoportrait de Paul Gauguin  - 1893
portrait de Francis Jammes
Poème de Francis Jammes - De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir - 1898

Post-Scriptum :
Dans mon esprit, il n'est pas absolument pas question de faire concurrence à qui que ce soit parmi mes amies !
j'aime Francis Jammes et j'adore Gauguin.
leur rencontre ici est simplement due à une facétie de l'éditeur de mon anthologie des poètes français...
mais j'aime assez...






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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 03:43





Quelques mots du Président...
à propos des morts de la Grande Guerre
de TOUS les morts
démagogie ? peut-être
contradiction avec des assertions précédentes ?
peu importe...
et tant de choses remontent à la surface de la mémoire collective...

excusez la réédition...

Chose promise, chose due... 
Pour Azalaïs dont le grand-père est mort là-haut.
très amicalement
jean-marie








La chanson de Craonne


Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête

 

Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous des condamnés
Nous sommes les sacrifiés



Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

 

-Refrain-



C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu d'se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien
Nous autres les pauv' purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs là



Refrain :
Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est bien fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s'ra vot' tour messieurs les gros
D'monter sur le plateau
Et si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau


 (auteurs inconnus)

 



" Et nous les petits, les obscurs, les sans grade !… 
Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades...
Nous qui marchions toujours et jamais n'avancions;
Trop simples et trop gueux pour que l'espoir nous berne
De ce fameux bâton qu'on a dans sa giberne..."
 Edmond Rostand




Moi, antimilitariste ? pas seulement, pas vraiment... Contre toutes les boucheries, sûrement... Contre ceux qui les fomentent, qui en profitent... absolument, définitivement...

Y a du beau monde dans la littérature qui s'en prend à cette monstruosité la guerre de tous les temps et de tous les lieux mais comme dit Brassens :

"Moi, mon colon, cell' que j'préfère,
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit!"


Du beau monde qui en dévoile les absurdités et les horreurs... du monde de tous les bords. 
La liste serait longue...


et pourquoi pas Boris...



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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 18:04




Le pauvre pion


A Eugène Rouart


Le pauvre pion doux si sale m'a dit : j'ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.


Bien sûr que le pauvre diable n'a pas de mère
pour le consoler doucement de sa misère.


Il vit comme cela, pion dans une boîte,
et passe parfois sur son front froid sa main moite.


Avec ses bras il fait un coussin sur un banc
et s'assoupit un peu comme un petit enfant.

 
Mais au lieu de traversin bien blanc, sa vareuse
se mêle à sa barbe dure, grise et crasseuse.

 
Il économise pour se faire soigner.
Il a des douleurs. C'est trop cher de se doucher.

 
Alors il enveloppe dans un pauvre linge
tout son pauvre corps misérable de grand singe.

 
Le pauvre pion doux si sale m'a dit : j'ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.









Francis Jammes (1868-1938)



     


     
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