Un attroupement bruyant d'une dizaine d'adultes s'est formé autour du banc...
Il y a un certain temps, on m'avait invité à dévoiler mes relations avec ce que l'on appelle les "sept péchés capitaux"...
Aujourd'hui, mon amie Azalaïs vient de me taguer :
"Si Amélie Poulain aime briser la croûte d'une crème brûlée avec la pointe de la petite cuiller, faire des ricochets sur le canal Saint Martin et plonger la main dans un sac de grains,
nous avons tous et toutes des petits plaisirs qui n'appartiennent qu'à nous et nous redonnent du baume au cœur.
Quels sont, comme Amélie, les trois petits plaisirs qui vous redonnent le baume au cœur ?"
Mon éducation chez les "Bons Pères" m'a appris que les plaisirs sont souvent proches des péchés...
Alors je reprends quelques idées que j'avais développées à propos de deux d'entre eux : la gourmandise et la paresse, ce que j'appelle "mes péchés mignons"... (petits plaisirs, petits péchés) auxquels j'ajoute la curiosité mais ce n'est pas un vrai péché, semble-t-il puisqu'il n'est pas dans la liste du catéchisme...
Le plaisir de la table... un petit casse-croûte, impromptu, assiette de charcuterie accompagnée de vin rouge de chez nous...
Je remplace souvent la charcuterie par des fruits de mer et le rouge par du blanc sec (toujours de chez nous)
Le plaisir de la sieste... Sur le canapé, repu, somnolent, un oeil sur la télé (allumée quand même mais pas trop de son, une émission plan-plan, genre "Derrick") l'autre sur une revue (pas trop excitante, genre catalogue des 3 Suisses), et de courtes plongées dans un sommeil léger mais délicieux...
Et puis bien sûr le plaisir ineffable de la lecture... ouvrir un livre nouveau, un roman (noir ou policier, américain de préférence... Connelly ou Grisham ou Coben) en savourer la première phrase qui renferme tant de promesses...
plutôt banal, tout ça, direz-vous !
bien sûr, mais je suis quelqu'un de très ordinaire...
Et voici enfin, (à charge pour elles de se dévoiler à leur tour) mes cinq victimes propitiatoires :
Mimisan, si elle le peut, bien sûr, dans son Japon lointain
Maedes qui nous fait découvrir les beautés de l'Argentine
Melly, la Bretagne et Tahiti réunis dans un bel élan généreux
Quichottine dans sa magnifique bibliothèque
Joëlle dans sa splendide galerie d'art...
JM s'avance lentement dans l'eau. Le reste de la famille, sa femme, sa fille accompagnée de ses deux enfants de cinq et sept ans restent près du bord... Elles lui recommandent de faire attention, de ne pas aller trop loin pour sa première baignade...
Il s'élance.
L'eau est assez fraîche mais tout à fait supportable...
Dès qu'il n'a plus pied, il se retrouve seul.
La ville de Rozas, très loin en face, de l’autre côté de la baie, semble le narguer l
Il se dirige vers la bouée située juste en face et l'atteint facilement, sans forcer. Il nage sans style aucun, ni élégance, mais avec une certaine efficacité.
Arrivé à la bouée, il s'accroche un instant à la chaîne qui la maintient.
Il regarde en direction de la plage... On lui fait de grands gestes. A son tour, il lève le bras en signe de reconnaissance...
JM lâche la chaîne et se prépare au retour. Il a le temps, il n'est pas pressé... Il s'exerce à plusieurs nages, essaie de faire correctement les mouvements. Il s'agite beaucoup, fait "la planche", plonge, repart mais il n'avance guère, la plage est encore loin... Le temps passe.
Un vent léger s'est levé qui vient de la terre. Comme il n'a pas envie de se fatiguer, il décide de rentrer.
C'est alors qu'il voit un grand pédalo avec trois personnes à bord qui arrive droit sur lui... Il commence à râler intérieurement contre "ces abrutis".
Il n'a pas le temps de comprendre que deux hommes sautent près de lui en criant (en catalan, langue que JM n'entend guère).
Il ne comprend pas davantage quand ces individus, aidés par le troisième resté à bord, lui font signe qu'il faut monter sur le pédalo !
JM fait un bon poids et les "agresseurs", surpris par sa résistance et ses véhémentes protestations essaient de faire un effort de communication !
L'un d’eux, rassemblant quelques mots de français et de castillan parvient à expliquer que des femmes, là-bas, sur la plage, leur ont demandé de venir l'aider, le croyant en difficulté !
JM éclate de rire, les autres en font autant.
Il décide de profiter de l'occasion et prend place à bord de l'embarcation...
Sauvé malgré lui !
Petite anecdote, Grande Histoire...
Chaque fois que je lis cette affimation empruntée à la tradition républicaine de la guerre d'Espagne : "NO PASARAN" je ne peux m'empêcher de sourire en pensant à d'une situation plutôt cocasse dans laquelle je me suis trouvé il y a assez longtemps, au cours d'un séjour en Catalogne.
C'était pendant une période électorale...
A côté d'une grande surface, je vois sur un immense panneau une affiche représentant quelques jeunes filles en maillot, dans l'eau jusqu'à la taille, image accompagnée d'un slogan en énormes lettres rouges "NO PASA NADA".
Sans réfléchir, je dis aux amis qui m'accompagnaient, un truc du genre "Encore ces élections...".
Grosse surprise, un immense éclat de rire accueille mon propos.
Je ne comprends pas... cette réaction me déroute, mon talent comique est d'ordinaire assez limité (aussi limité que ma connaissance de la langue espagnole à l'époque... et aujourd'hui encore d'ailleurs).
Au milieu de la joie générale, je regarde plus attentivement l'affiche en question et, à ma grande confusion, je constate qu'il s'agit en réalité d'une publicité pour des tampons périodiques. Avec ou sans applicateur, je ne m'en souviens plus...
Nom de Zeus, quel bon moment ils ont passé, les copains ! On en rigole encore parfois, à l'occasion...
Enfin, ceux qui restent rigolent... les autres nous attendent en d'autres lieux incertains, en se marrant aussi, j'espère...
Mon histoire est-elle un autre sacrilège ?
(Apollinaire - La Loreley)
JM fumait trois paquets de cigarettes par jour ! il ne faisait jamais rien à moitié...
Sans arrêt la cigarette aux lèvres... Prof, ll fumait même en classe devant les élèves... il y avait vraiment grande tolérance dans l'Education Nationale à l'époque... surtout dans l'Enseignement Professionnel où il n'était pas question de "brimer" en quoi que ce soit les professeurs d'atelier, pour la plupart d'anciens ouvriers, fort rebelles à tous les "diktats de l'Administration"... les enseignants des autres disciplines auraient mal vécu toute forme de discrimination...
JM fumait au lit, le soir en lisant... de gros pavés de verre, (accessoires du bâtiment habituellement insérés dans les murs afin de donner un peu de lumière dans les pièces) lui servaient de cendriers... Il en traînait partout dans l'appartement. Toujours pleins... madame les vidait... la lune de miel durait encore...
Il ne fumait pas n'importe quoi, s'il vous plaît : "Gauloises" ou "Gitanes" sans filtre, bien sûr, un cigare à l'occasion... la pipe lui rappelait les trop mauvais souvenirs de ses années de galère du début de sa vie d'étudiant... (1)
JM ne va pas vous donner de recette-miracle, ô vous mes amies, mes amis qui souhaitez renoncer à la funeste habitude...
Ce serait trop long et surtout très compliqué...
Il n'y faudrait pas moins d'une Révolution sociale !
Mai 1968... JM a raconté ses aventures pendant cette période fort troublée mais exaltante à plus d'un titre (2)
Toulouse, les grèves généralisées, toutes les activités paralysées presque dès le début... deux surtout, de ces blocages nous allons le voir, gênèrent beaucoup notre ami.
Dans la cité des Mazades (3) le buraliste qui appréciait beaucoup le jeune homme, (un aussi bon client, on le gâte) avait gentiment gardé un stock des cigarettes brunes (et du "gris") pour les plus fidéles acheteurs et pendant une dizaine de jours, JM ne ressentit pas trop les privations... Et puis, un jour le commerçant, la mort dans l'âme (n'exagérons pas tout de même) annonça la fin de la réserve... plus de brun, même pas du tabac pour en rouler une ou pour bourrer la pipe, plus de petits cigares...
Que du blond !
JM, depuis quelques essais de jeunesse ne supportait pas ce tabac venu d'ailleurs au goût de friandise frelatée...
Le Drame...
Bon, Toulouse est une ville très étendue... on va aller voir ailleurs. Mais presque plus d'essence pour les voitures... Tous les dépôts bloqués et les stations-service désespérément à sec...
Pas de transports en commun.
Pas de vélos.
Aller à pied ? c'est inutile. On sait depuis quelques jours qu'il n'y a plus rien dans les bureaux des avenues et des rues proches...
Et pourtant il faut fumer !
Alors, la solution ?
(1) voir "déboires estudiantins"
(2) cliquer sur ce lien : Révolution 68
(3) beaucoup de monde sur Over-Blog connaissant et aimant la Ville Rose, nous ne priverons pas du plaisir de citer les noms des quartiers ou des villes avoisinantes . Les Minimes, les Mazades près de la Barrière de Paris, en face du stade des Minimes, dans l'avenue Nègreneys...
A Azalaïs, amicalement, en espérant que le dialogue, encore balbutiant, peut se poursuivre...
Un site bienvenu, particulièrement intéressant et poétique amène aujourd'hui Jean-Marc à reconsidérer certaines de ses positions à propos de la langue occitane. Il n'avait pas voulu faire de polémique mais les termes utilisés étaient beaucoup trop souvent inutilement méchants. Il arrondit les angles... il réfléchit en marchant...
Le père de Jean-Marc, racontait beaucoup de petites histoires, il les racontait en " patois", en langue du pays, ce que beaucoup aujourd’hui appellent Occitan …
Jean-Marc n’appréciait pas trop ce mot. Pour lui, il désignait la langue fantôme d’un pays qui n’a jamais vraiment existé, cette fameuse Occitanie.
Depuis, des contacts amicaux lui ont permis de corriger cette façon de voir. Vouloir faire revivre une langue n'est pas oeuvre facile même si aujourd'hui encore, il préfère parler de Langue d’oc et de dialectes… De languedocien, d’auvergnat, de provençal, de gascon, de béarnais…
Le languedocien du sud de l’Aveyron, de cette région qui jouxte le département de l’Hérault, est cher à son cœur. Jean-Marc le comprend et le parle à l’occasion mais il ne sait s'il pourrait tenir de longues conversations... Il ne peut l’écrire, du moins de façon suivie. Il lui semble parfois, à tort certainement, qu'on en a fait une langue pour érudits, un ensemble pour intellectuels surtout avec une graphie qui lui donne un air vaguement artificiel.
Il n’y a qu’à les écouter dans les émissions télévisées, beaucoup pensent en français et essaient péniblement de traduire. Ce n'est pas de leur faute... Ils inventent même des sons, ils inventent parfois des mots. Quand, par hasard, un vieux paysan intervient, on se sent renaître, on sent que cette langue c’est sa vie. Tous les autres empruntent.
On assiste presque au même phénomène dans les émissions catalanes. Les Catalans du sud (du côté de l’Espagne) en parlant leur langue, la vivent, vivent son histoire douloureuse, ils l’utilisent dans la vie de tous les jours, en tous lieux, paysans et citadins, pêcheurs et notaires, ouvriers, notables… et hommes politiques.
Du côté français des Pyrénées, c’est trop souvent l’exercice scolaire. Encore que, grâce à la proximité du grand ensemble catalano-valencien riche, conquérant et fier, grâce à l’intensité des échanges, la dégradation ne paraisse pas aussi importante.
Les Catalans ont « normalisé » leur graphie et l'ont "imposée" intelligemment, progressivement...
Il existe chez nous la graphie provençale ("phonétique") du grand Mistral, celle du félibrige et de ses mainteneurs… En réalité, les occitanistes trop souvent semblaient la mépriser.
Quand certains ont dit que le grand Dante avait failli écrire la «Divine Comédie » en occitan, ils ont tout dit. Failli... mais Dante écrira son chef-d'oeuvre dans la belle langue florentine… peut-être découragé par le manque d'unité donc d'universalité de notre langue du sud.
Le père de Jean-Marc et surtout sa grand-mère (née en 1885) ne connaissaient guère que "le patois", ou du moins se sentaient infiniment plus à l’aise avec lui qu’avec le français enseigné à l’école… Et c'est en entendant parler cette langue quotidiennement dans son enfance et son adolescence que Jean-Marc en a appris l'essentiel et ne l'a jamais oublié... De cet apprentissage empirique et uniquement oral, sans la moindre référence scolaire, viennent les difficultés qu'il éprouve aujourd'hui à l'écrire...
Cette école où des enseignants peinent pour essayer de sauver une culture dont on a pendant trop longtemps appris les élèves à se passer... En réalité, on a l'impression que cela sert surtout trop souvent aux potaches à glaner quelques misérables points à l’oral du bac. La solution, Jean-Marc ne l'a pas, mais aujourd'hui il veut éviter de décourager les bonnes volontés...
Il est à l'écoute des poètes et des chanteurs, souvent partisans mais d'un lyrisme bouleversant... Mans de Breish chantant Joan Bodon, en particulier " Los carbonièrs de La Sala", qui lui arrache des larmes... Il a plaisir à en lire les textes en occitan...
Des gens pleins de prosélytisme veulent inciter les communes à apposer des panneaux à l’entrée et à la sortie des villes indiquant le nom occitan de la cité… Mais c'est fort déroutant pour les non-initiés...
Dans un ordre d'idées quelque peu différent mais voisin, on nous leurre quand on nous parle de « pays cathare », quand on glorifie cette religion aberrante pour laquelle le monde matériel, réel, l'amour charnel et cette vie terrestre représentent le Mal absolu puisque appartenant à Satan.
Interprétant l’Histoire en fonction d’idéologies actuelles, on voulait en faire un symbole de libération, on en fait une marque commerciale, un label pour écouler du vin ou du fromage. Mais il y a des intérêts locaux parfaitement respectables.
Des édiles sans scrupules installent d'autres panneaux annonçant votre entrée dans ce "pays cathare"... On vous présente "Agde, ville grecque", "Carcassonne, ville médiévale"... "l'Ariège, terre courage" (va bene, pour des gens qui ont peur du gros nounours...). Telle ville n'est pas plus grecque qu'un groupe Eskimo n'en est aujourd'hui au néolithique ou telle tribu africaine au paléolithique inférieur...
On confond folklore épicier et élan culturel...
Jean-Marc ne veut pas lancer une vaine polémique... ce sont de simples réflexions à usage interne surtout.
Il n'est ni linguiste ni historien...
Il n’y a pas ici d’arguments, il n’y a que des sentiments...
Pour reprendre le récit plus ou moins romancé de la vie de Jean-Marc, il faut aller dans la catégorie-rubrique "autobiographie"... (affabulations de I à X)
Après son modeste « exploit » électoral, Jean-Marc se trouva fort occupé. A la mairie, il n’avait pas voulu solliciter un poste d’adjoint (il n’était pas question de susciter des polémiques au sein de la nouvelle équipe). Sa profession lui laissant relativement plus de temps libre, et grâce à sa facilité d'écriture de textes courts et incisifs, ses collègues lui abandonnèrent volontiers la responsabilité du bulletin municipal que l’on s’était engagé, au cours de la campagne électorale, dans un très louable souci de « transparence » à faire paraître mensuellement. Le pari fut tenu et les gens du village y attachèrent bientôt un grande importance. Jean-Marc ne fut pas le seul à y écrire mais la tâche se révéla fort prenante… Les réunions du conseil municipal furent très fréquentes au début, comme les concertations officieuses et les assemblées du Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple. Il fut souvent chargé de mettre en forme les comptes-rendus… Les secrétaires récemment recrutées devinrent de plus en plus efficaces mais Jean-Marc, par ses conseils, collabora toujours assez étroitement à leurs activités. Il participa aussi à bien des commissions spécialisées…
C’est à cette époque qu’il se lança dans l’apprentissage de l’informatique, et, ne faisant jamais rien à demi, il se passionna pour cette technique, relativement nouvelle. Dans le cadre de l’éducation nationale il devint membre d’une association qui avait pour but de promouvoir l’utilisation des micro-ordinateurs dans l’enseignement. Il ressentit souvent un certain ostracisme à son égard, les profs n’ayant pas oublié ses prises de position politiques… mais devant sa persévérance, et grâce à l’amitié de quelques-uns d’entre eux, il faut le reconnaître, la situation s’améliora rapidement.
Vie professionnelle, « municipale », informatique, participation à la Formation Continue des salariés de diverses entreprises... judo, tout cela eut un certain retentissement sur sa vie familiale qui s’en trouva sérieusement perturbée. Il se reproche encore souvent d’avoir été négligent dans les rapports avec ses enfants. Sa femme supportait mal ses absences de plus en plus nombreuses. Ils vivaient dans une petite ferme isolée comprenant des champs, des bois, des prés et des dépendances, un achat réalisé peu après leur arrivée dans la région. Beaucoup de travaux d’entretien étaient nécessaires et Jean-Marc n’avait pas le temps de s’en occuper. Sa femme réagit vivement, la situation se détériora et la rupture fut évitée de justesse…
En 1986, la droite « modérée » (républicaine disaient certains) revint au pouvoir, avec une très courte majorité à l’assemblée nationale. Le Front National obtint un bon résultat et put constituer un groupe parlementaire. Jacques Chirac fut nommé 1er ministre. Le mode de scrutin proportionnel imposé à l’occasion par Mitterrand fit que dans le département de Jean-Marc, pourtant un des plus « à gauche » de France, un député de droite soit élu. Un homme de qualité, futur ministre, avec lequel notre ami eut d’excellentes relations. En plus des autres activités, Jean-Marc se chargea de lui faire découvrir la réalité profonde de la circonscription et l’accompagna dans ses visites aux électeurs… Bien qu’ayant de la proche famille dans le département, le nouveau député avait fait carrière et vécu dans la région parisienne. Naturellement ses adversaires avaient beau jeu d’évoquer son « parachutage »… Ils ne s’en privaient pas. La situation paraissait favorable mais l’expérience déplorable de cette première « cohabitation » tourna très vite à la catastrophe pour une droite velléitaire et coincée…
Jean-Marc fut dérouté et dégoûté par ces accommodements continuels, les compromis stériles, le refus de la nouvelle majorité de tenir compte de l’appoint occasionnel qu’aurait pu fournir le Front National si n’avait pas été maintenu contre lui un acharnement imbécile et suicidaire…
Tout fut consommé en 1988 quand Jacques Chirac perdit nettement la présidentielle, quand une nouvelle majorité de gauche arriva au Palais Bourbon. Le député de droite du département, sentant le vent tourner avec le retour du scrutin uninominal à deux tours, et estimant (à juste titre) qu’il n’avait plus aucune chance dans le département, avait rejoint des cieux plus cléments…
Un changement de règles et le tour est joué.
Jean-Marc n’eut désormais plus grand respect pour le suffrage universel puisque de telles magouilles parfaitement légales pouvaient jouer un si grand rôle… Ceci joint aux possibilités offertes par le découpage, le « charcutage » des circonscriptions, sa méfiance se transforma en véritable mépris. Mépris pour le spectacle médiatique, le cirque publicitaire, les prétendus sondages d'opinion, les trucages, le racket, le chantage sous toutes ses formes, la corruption, l'argent gaspillé, le temps perdu à l'occasion des campagnes électorales (surtout présidentielles)... pas tout à fait un retour à mai 68... Pourtant le slogan "élections, piège à cons" hantait à nouveau son esprit
Peut-être est-ce de cette époque que date son attrait pour la Monarchie… Douteux, bien d'autres éléments de réflexion intervinrent ensuite. A peine un point de départ.
En même temps, dans sa vie, se produisirent un changement professionnel important et un bouleversement familial… Changement d'Académie d'abord puis de "métier"...
Après trente ans de professorat, Jean-Marc se rendit compte que, si l'informatique pédagogique lui avait permis de sortir des sentiers battus (ainsi que sa participation importante à des actions de Formation Continue pour adultes), il n'avait plus, dans l'enseignement des disciplines littéraires, ni le goût, ni l'envie de continuer... Il n'avait, croyait-il, rien de nouveau à apporter aux élèves. Il devait trouver autre chose, changer, lui aussi, d'orientation... Il présenta sa candidature au concours de Personnel de Direction. Il fut admis assez facilement, grâce, en partie, à l'épreuve d'informatique. Sa reconnaissance envers Jean-Lou, son ancien formateur, en fut d'autant plus grande... Quand il fut nommé à la direction d'un collège (activité qu'il trouva passionnante), ses connaissances le servirent encore et lui permirent de jouer un rôle assez important car l'informatisation dans la gestion de l'Education Nationale se développa très rapidement à tous les niveaux : saisie des notes par les enseignants, rédaction des bulletins trimestriels, confection des emplois du temps, amélioration du fonctionnement des Centres de Documentation et d'Information, communication avec l'Administration, les organisations partenaires, les collectivités... internet...
La politique perdit pour lui beaucoup de son intérêt. Il quittait un monde mesquin par la petite porte.
Il ne se représenta pas aux municipales de 1989, se refusa désormais à adhérer à quelque Parti que ce soit...
Il s’éloigna sur la pointe des pieds…
Petites aventures d’un militant
De 1981 à 1988 Jean-Marc eut une activité politique relativement importante… plus qu’à n’importe quelle autre période de sa vie. Il participa directement à la rédaction du mensuel local du R.P.R. Il eut l’honneur d’en écrire l’éditorial (*) après les élections municipales de Dreux, élections qui virent la victoire de la droite «modérée» alliée au Front National. Il parcourut les campagnes pour recueillir des abonnements, il rendit visite aux artisans et petits industriels afin de vendre des emplacements pour encarts publicitaires.
Jean-Marc eut la chance d’être fermement soutenu par le secrétaire départemental du mouvement, enseignant, chef d’établissement avec lequel il noua des liens amicaux. Il eut besoin de ce soutien après la parution de l’éditorial car certains, à l’intérieur même du Mouvement, crurent y déceler des relents «d’extrême droite». Alors, bien sûr, la gauche du coin redoubla d’acharnement contre lui ! Il ne se sentit point gêné par ces soupçons et à partir de là, en évitant les provocations, il se rapprocha du parti de Jean-Marie Le Pen, ou du moins, se retrouva de plus en plus souvent sur la même «longueur d’onde».
Lors de la deuxième édition des élections européennes au suffrage universel (la première datait de 1979), il eut le tort de laisser entendre qu’il avait voté en faveur de la liste du Front National. Mais il n’était pas question de quitter le mouvement gaulliste. Dans sa naïveté, son manque d’expérience lui laissait croire en un possible rapprochement entre les deux formations. Il devint un lecteur assidu de «Minute» de François Brigneau, sans être absolument d’accord avec toutes les options de l’hebdomadaire…
En 1983, eurent lieu des élections municipales très importantes (importantes, aussi bien localement qu'au niveau national). Jean-Marc y participa activement et eut la main heureuse… Il vivait alors dans un village de 900 habitants mais c'était un chef-lieu de canton dans un département peu peuplé (la ville la plus importante n’avait guère que 15 000 habitants). Ce village était dirigé par une municipalité de gauche depuis assez longtemps. Le maire, âgé, décida de se retirer. Tout le monde croyait que le premier adjoint, un petit industriel de très bonne réputation, lui succèderait naturellement. C’était compter sans l’imbécillité des socialistes du cru. Cet homme avait, à leurs yeux un défaut rédhibitoire : il n’était pas «encarté» au PS. Ils allèrent chercher un candidat bon teint (membre de l’éducation nationale…) qui ne résidait pas au village mais au chef-lieu départemental. Les gens ressentirent cette démarche comme un véritable affront...
Jean-Marc (qui avait l’impression d’en avoir assez fait comme ça… et installé au village depuis une date trop récente) n’avait pas l’intention de s’en mêler. Devant l’exaspération des villageois, il changea d’attitude et, à titre personnel, mais avec l'accord du secrétaire départemental du RPR, il alla trouver l’adjoint, pour lequel il avait beaucoup d’estime, et essaya de le convaincre de constituer une liste et d’en prendre la tête. Fort honnêtement, l’autre refusa tout d’abord, en expliquant qu’il avait des convictions et qu’il ne voulait pas les trahir. Jean-Marc fut malgré tout persuadé que l’homme était blessé, humilié, et que son refus n’était pas définitif. Il en parla autour de lui et constata que beaucoup pensaient de même. Commerçants, artisans, paysans prirent le relais. Quand la gauche fit paraître la liste des candidats, ce fut la consternation : tous les « bras cassés » du village, les «incapables» s’y retrouvaient, avec le renfort de quelques prétendus étudiants des facultés toulousaines et, surtout, provocation suprême dans un contexte encore très rural, cette liste ne comportait aucun nom d'agriculteur…
L’adjoint se décida enfin, prit la tête d’une « liste d’entente » (le mot union avait trop de connotations de gauche), dont Jean-Marc faisait partie et qui fut triomphalement élue en entier… Un bastion socialiste, un chef-lieu de canton venait de tomber. Ce n’était pas une victoire de la droite, les opinions étaient trop diverses au sein de la nouvelle équipe pour affirmer qu’un camp avait gagné. Mais la politique bassement politicienne avait subi un rude échec. Il faut reconnaître que les dirigeants socialistes influents, lucides avaient prévu cette fin et qu’ils n’avaient pas apporté un soutien très actif à la liste de la gauche officielle. Le maire restait « à gauche » mais l’équipe fonctionna dans l’ensemble plutôt bien et les promesses électorales furent rapidement concrétisées, à la satisfaction générale…
« Much ado about nothing » ? Peut-être… Peu de chose, en effet…
L’histoire d’un individu sans grande importance est faite de ces petits riens... Et la Grande Histoire : les petits ruisseaux font etc. etc. ?
bof...
Font trois petits tours et puis s’en vont...
Le nouveau maire et Jean-Marc avaient des raisons supplémentaires et personnelles de se réjouir : malgré leur "retournement de veste", leur "trahison", ils avaient tous deux été élus au premier tour, avec, coïncidence, exactement le même nombre de suffrages pour chacun... Ils avaient craint, en effet les "coups de crayon " que permet, dans les petites communes, le système du "panachage"... Il faut ajouter, tout de même qu'ils n'avaient dépassé que de très peu la majorité requise au premier tour mais cela leur permettait de vérifier leur popularité...